Guilvinec Le corps de garde

La construction de la criée du port du Guilvinec à la fin des années 1950 vit dans le même temps la disparition du corps de garde, l’un des plus vieux bâtiments de la commune avec le château de Kergoz et la chapelle Saint-Trémeur.

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Carte de la fin du 18ème siècle ( 1771 1785 BNF Gallica)

A partir du début du 18ème siècle et jusqu’en son milieu, les côtes furent équipées de corps de garde en pierre pour se protéger de « l’ennemi qui venait de la mer ». En effet, les pirates et corsaires anglais de Jersey et Guernesey, et parfois des hollandais, ne se faisaient pas prier pour mener des incursions sur certains points de la côte bretonne.

Corps de garde Beg Meil

Modèle de plan de corps de garde (ici celui de Beg Meil)

Lors des guerres avec les anglais, ceux-ci auraient également pu débarquer des troupes ; on construisit donc, pour les prévenir, tout un réseau de batteries côtières et de corps de garde sur tout le littoral pour assurer principalement la protection des mouillages et estuaires.
Dans le Pays bigouden, les corps de garde — répertoriés en 1793 et qui figurent sur la carte Beautemps-Beaupré de 1818, corrigée en 1867 — étaient situés, outre celui du port du Guilvinec (Plomeur), à Kérity et Saint-Guénolé (Penmarc’h), Saint-Oual (Loctudy) et Sainte-Marine (Combrit). Une importante batterie fut également installée à l’Ile Tudy.
Equipés de 2 ou 3 canons, leur service nécessitait 7 hommes encadrés par un sous-officier. Des milices côtières (les hommes du guet) existaient également, appelées par le tocsin qui relayait les signaux sur mâts, consistant en drapeaux annonçant l’arrivée d’un danger par la mer.

Outre la guérite en pierres, celui de Guilvinec comportait également une poudrière (ou magasin à poudre) et un jardin. Son chef, Jean Courrier, était assisté de 5 canonniers.

Le 19 décembre 1856, l’ensemble fut remis aux domaines par décision du Ministre de la Guerre pour être affecté au service des Douanes.

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Carte postale du début du 20ème siècle; le corps de garde réaménagé est le bâtiment blanc au centre; au fond, l’Abri du marin nouvellement construit (Doc AD 29)

Contrairement à la norme (toits en dalles de granit – qui avaient peut-être disparu?), il était couvert d’un toit en chaume jusqu’en 1879, date à laquelle il fut agrandi et couvert en ardoises pour le service des Douanes, lors de la création du terre-plein de stationnement des voitures (charrettes ou chars à bancs) qui transportaient le maquereau à la gare de Quimper.