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Serge Aubrée : Recouvrance perd son dernier Ami

Autoportrait de Serge Aubrée présenté à l’exposition Alternance à la maison de la Fontaine en octobre 2010

Serge Aubrée vient de refermer son dernier carnet de voyage, de Brest à Brest, en passant par Recouvrance, entamé voilà près de 95 ans. Nous perdons un grand Ami, avec un grand A, mais aussi un artiste de premier plan, un passeur de mémoire incomparable du quartier de Recouvrance.

J’ai rencontré Serge Aubrée pour la première fois en 1991 à Saint-Marc lors d’un vernissage de l’association Artitude, présidée par son ami Jean-Yves Madec. A partir de ce moment, les rencontres ont été de plus en plus fréquentes, tout spécialement lors d’expos collectives organisées par la FOL du Finistère, Artitude, les Amis de Recouvrance, l’APB ou en collaboration avec la Ville ou l’Éducation Nationale (Mois de la Science).

Serge entre Jean-Louis Magnier et Charles Kérivel lors de l’exposition ” 25 Figures”
organisée par Artitude à la Mairie de Saint-Marc

Parmi celles-ci, quelques-unes auxquelles j’ai pu participer :

  • 1992 L’Air, le Vent
  • 1993 Les Matériaux
  • 1995 Fotographisme. C’est à cette occasion que l’APB m’a proposé de rejoindre son collectif d’artistes plasticiens.
  • 1996 “Brest 96”
  • 1997 La Biodiversité
  • 1997 “Carte blanche” à Guilers
  • 1999 Art Média
  • 2000 Juillet, 2000 bateaux pour Brest 2000
  • 2001 Utopie en bleu
  • 2001 Mai, Biozart, marché bio de Kérinou à Brest.
  • 2002 Les Îles
  • 1998,1999,2000,2001, A tout sport, Parc de Penfeld à Brest.

L’APB, c’était une grande famille, riche de nombreux talents, de personnalités très diverses, qu’il fallait parfois faire cohabiter. Mais, au bout du compte, tous arrivaient toujours à se mettre d’accord sur des projets plastiques, chacun y apportant sa contribution avec ses qualités artistiques et créatives. Le résultat était toujours surprenant et innovant.

L’expo “Jacadi” à la mairie de Lanester en 1999 : Arlette Fouyer, Brigitte Simon, Jean-Yves Madec, Joëlle Thibault, Anne Smith, Claude Péron.

J’ai fait la connaissance des Amis de Recouvrance en 1992 lors de l’exposition Yves Collet à la Maison de la Fontaine, qui venait d’être rénovée par la Ville, juste avant les premières Fêtes maritimes. Comme il n’était pas question de déplacer ou de mettre sous vitrines les registres concernant le sculpteur de la marine, ancien propriétaire du lieu, la seule solution était d’en reproduire les pages en question. Vu leur taille, il n’était pas possible de les photocopier, il ne restait qu’une solution, la reproduction photographique.

Et donc, me voilà en mission au SHD, avec une fine équipe de recouvrançais, équipé d’un statif de reproduction et rampes d’éclairage à 45°, un film noir et blanc spécial « lumière artificielle » dans mon Canon. Une anecdote : sur une des photos, agrandie par Robert Gernot, on voit deux doigts, ceux de Serge qui tient la feuille du registre pour l’empêcher de s’enrouler. La légende veut que ce soit la main de Yves Collet qui est réapparue à cette occasion.

Quand je suis rentré à l’APB, en 1995, j’ai appris qu’un certain nombre de ses adhérents avaient participé aux Salon d’art contemporain organisés par l’UAPB de Claude Cléro et Bernard Peschet au Guilvinec, expositions que j’ai assidûment fréquenté pendant ma jeunesse. Il y avait là Serge, Jean-Yves Madec, Maurice Le Meur, Yves Bonraisin, … voisinant avec Picasso, Bazaine, Léger, Vasarely, Fromanger, Alechinsky ou encore Ernest Pignon-Ernest.

L’inauguration de la place René Le Saëc (1935-1999), face à son atelier et aux Halles de Recouvrance, là ou Serge et René avaient créé une grande fresque, a été un événement important après le décès de ce compagnon de toujours. J’ai eu le grand plaisir de répondre positivement à l’invitation des Amis de Recouvrance pour couvrir l’événement en photos. Le dévoilement de la plaque en présence de nombreuses personnalités dont Pierre Maille et François Cuillandre aura lieu avant le vernissage, dans la foulée, d’une rétrospective des œuvres de René à la Maison de la Fontaine. Serge était très fier de la réussite de la cérémonie d’hommage et a créé un album de photos pour que le souvenir de son ami perdure. La mémoire des hommes était pour lui quelque chose d’important, ce qu’il n’a cessé de nourrir avec Cécile Bramé et les Amis de Recouvrance.

Serge et Jean-Yves m’avaient fait l’honneur en 1994 de venir rencontrer mes élèves à l’école des Hauts de Penfeld pour leur parler, chacun avec leur sensibilité picturale, de leur vision du paysage en peinture.

Au niveau professionnel, j’ai également eu très souvent l’occasion d’organiser des visites avec ma classe à la Maison de la Fontaine. Serge m’a souvent fait remarquer qu’il appréciait par dessus tout le fait de me voir arriver chaque fois un mercredi après-midi avec appareil photos, bloc à dessin et crayons pour préparer les fiches que j’allais proposer aux enfants pour bien s’imprégner de l’exposition lors de la visite.

De cette manière, active et ludique, ils allaient pouvoir exploiter plus facilement ces contacts avec des œuvres d’artistes. Ce n’était pas le cas de toutes les classes qui y venaient, m’a-t-il avoué : « Certains enseignants viennent là en touristes avec leurs élèves et je me demande ce qui peut bien en rester par la suite. »

En 2002, il a pu être témoin direct d’une de ces visites, car l’artiste exposant était aussi l’instit de CM2. La Ville avait organisé la traditionnelle conférence de presse le jour fixé pour cette sortie. Gaétan Le Guern, adjoint à la Culture était présent, la presse aussi (Guy Pellen du Télégramme) et la radio (RCF). Là où Serge est resté « baba », c’est quand mes propres élèves m’ont également interviewé, avec des questions préparées à l’école. Un moment rare et inoubliable.

Œuvre exposée en décembre 2008

En décembre 2008, hospitalisé pendant trois mois en chirurgie à la Cavale Blanche, j’ai eu la grande surprise, en recevant le carton d’invitation sur mon lit d’hôpital, d’apprendre que Serge m’avait programmé dans l’exposition qu’il organisait avec les Amis à la Maison de la Fontaine. Il avait choisi deux travaux photographiques que je lui avais offerts, les avait encadrés et mis au mur. Mieux, il avait utilisé l’une des images pour illustrer le carton d’invitation et l’affiche de l’expo ! Son geste d’amitié m’avait profondément touché vu les circonstances.

En 2009, nous avons également participé à l’aventure du collectif d’artistes non-conformistes « Actus-Cactus » avec Yvon Daniel, JJ Petton, Marc Morvan, Aurélie Kerouanton, Emma de Lafforêt, … Nous nous réunissions dans le local des Amis de Recouvrance, aimablement mis à disposition par Serge.

Chez Yvon Daniel lors des journées portes ouvertes d’artistes organisées par le Conseil Général du Finistère.

Une autre réalisation de Serge et Cécile a été le projet de sculpture de Jean Quem et Fanny, réalisé par Jérôme Durand, sculpteur de Recouvrance. Une œuvre qui évoquera à jamais pour les passants la substantifique moelle de l’esprit recouvrançais.

Lors de la présentation à la Mairie de quartier de Quatre-Moulins
Jean Quem et Fanny

Serge, s’il était passionné, était surtout, du fait de sa profession d’artisan-décorateur, quelqu’un d’exigeant. Exigeant avec lui-même et les autres, il faut l’avoir vu préparer une exposition avec son équipe des Amis. Rien n’était laissé au hasard : tout devait être propre, clair et net ; la minutie et la précision faisaient partie de son savoir-faire, des qualités caractéristiques des ouvriers compagnons.

S’il appréciait au plus haut point les « faiseurs » et ceux qui innovaient en faisant preuve de créativité, il n’aimait pas les beaux parleurs, les gens superficiels. Serge était curieux de tout et s’intéressait aux domaines qu’il ne pratiquait pas et suscitait par ses questions des échanges toujours positifs. Son rapport aux institutions n’a pas dû être un long fleuve tranquille. Il s’accrochait à ses convictions fortes pour faire avancer les projets menés par les Amis ; on peut imaginer les discussions argumentées avec le Service Culture de la Ville concernant la gestion de la Maison de la Fontaine. Au bout du compte, sa ténacité a permis à tous de bénéficier d’un accueil et d’une programmation artistique de qualité dans ce lieu historique et patrimonial.

Cependant la plus grande qualité de Serge c’est son humanisme qui se traduisait par une amitié durable, mais qui se méritait.

Serge et Arlette Aubrée lors des 50 ans de Bellevue sur les rives de Penfeld

Loïc Loussouarn : le marin-poète est sorti par l’horizon

Lors d’une rencontre entre cousins au Salon du Livre en Bretagne à Carhaix en octobre 2014

Loïc, le marin du Croisic, fils de Lom, un bigouden de Kergadien en Penmarc’h et d’une maman de l’Île d’Yeu, Hélène, vient de nous quitter.

Comme l’a écrit l’artiste-peintre Yves-Marie Péron, lui aussi récemment disparu, il a choisi de sortir par l’horizon pour un dernier embarquement.

A 67 ans, la maladie l’a anéanti en moins de dix mois. Il venait de publier son troisième ouvrage de poésies marines, “Mer racines” (Des sources et des livres – Assérac 44).

Malgré tout, ses idées et ses impressions, largement inspirées de son vécu sur la mer, resteront, car peu de poètes évoquant l’océan peuvent se targuer d’écrire sur le sujet en connaissance de cause, en toute authenticité.

Le marin n’aime ni le mensonge, ni l’injustice. Avec la mer, on n’a pas le droit de tricher, qui que l’on soit ! C’est donc avec la parole franche et engagée du marin que Loïc dénonce par ses mots le scandale du naufrage du Bugaled Breizh, dans “Bugaled Breizh, Un non-lieu sous la mer”.

Il sait de quoi il parle quand il s’agit du danger qu’encourent les marins-pêcheurs du monde entier face à la mer et tout ce qui la peuple, le pire en l’occurrence étant les requins — au sens figuré surtout.

Il faut lire aussi “Ô, Quéménès” dont je vous livre la belle dédicace que Loïc avait offerte à son cher cousin.

L’important, c’est l’horizon, …

Bonne navigation à toi, Loïc !

Cap sur l’île d’Avalon, peut-être ?

A moins que ton canot ne te mène plein ouest, jusque Tir na Nog,

l’île de l’éternelle jeunesse ?

Cap Caval : le n° 49 est paru

Au sommaire :

Jakez Cornou : la passion de la Bretagne

L’Île mystérieuse du Penmarc’h de l’âge d’or

En 1845, elle tue l’époux qui ne pouvait la satisfaire

La résistance, la déportation et la mort de Louise Coupa

La maison de vannerie Marquet à Pont-l’Abbé

Le passage entre l’Île-Tudy et Loctudy

En vente en Pays bigouden.

Abonnement auprès de Startijenn Ar Vro Vigouden, 45 rue Jean Jaurès, 29120 Pont-l’Abbé (startijennavv@orange.fr)

Cahier de l’Iroise 239 : Objectif Brest

L’Abeille en son miroir, décembre 1995 © Claude Péron

Au sommaire :
Dominique DERRIEN Éditorial – Dans un album de famille…
Claude PÉRON La photographie à Brest – 1849-1945
Jean-Yves GUENGANT Geneviève Élizabeth Francart-Disdéri, entre oubli et reconnaissance
Emmanuel BURLION Ils ont photographiés Brest : Joseph-Émile Mage (1836-1908)
Claude PÉRON René-Victor et Émilienne Boëlle, photographes et éditeurs
Claude PÉRON Inizan-Bocoyran, un siècle de photographie
Béatrice LAGACHE-ROBERT Grenier Photo, un siècle d’histoire
CAPAB Du CAPAB à Pluie d’Images, petite histoire d’un festival photographique
Alain UGUEN Le Musée breton de la photographie et du cinéma
LE CHOIX DE LA RÉDACTION
Gilles CARDINAL La difficile réalisation du boulevard de la Marine
Patrick GOURLAY Poincaré et Lebrun à Brest : deux présidents sur le front naval (1918 et 1940)
et votre habituelle rubrique Voir et Lire
CONTACTS & INFOS societe.etudes29@gmail.com
Numéro en vente 25 € à la Librairie Dialogues
32 € (port compris) sur le site de la SEBL

Une rencontre sympathique

Avec Gilles Servat, Michel Toutous et Yvon Boëlle à Dialogues-Musiques (Photo GG)
(Presque) les mêmes. Photo François Cuillandre

Samedi après-midi, les trois boutiques Dialogues ressemblaient à une véritable fourmilière. Après une bise à ma “vieille amie de l’APB” Anne Smith qui dédicaçait son dernier livre : “Anne Smith, par mer et terre“, aux Éditions Ouest-France. Cent trente pages d’images d’acryliques, dessins, croquis, gouaches et huiles. Le tout, couronné d’un texte magnifique du romancier et essayiste, Philippe Le Guillou.

Puis, route Dialogues-Musiques, qui accueillaient les trois compères et complices co-auteurs du livre “Gilles Servat” paru en octobre 2022 aux Éditions Ouest-France. Parmi les visiteurs, des anciens musiciens ou des militants culturels bretons. Même le maire de Brest, François Cuillandre, avait fait le déplacement et j’ai profité de l’occasion pour le mettre à contribution pour nous photographier.

Je lui ai, par la même occasion, présenté le photographe Yvon Boëlle, descendant de l’ancien maire de Brest Hyacinthe-Martin Bizet, et par là-même lointain cousin de Nicolas Hulot. Le prochain numéro des Cahiers de l’Iroise comportera d’ailleurs un article sur la vie de René et Émilienne Boëlle, arrière-grands-parents de Yvon, photographes et éditeurs de cartes postales à Brest dans les années 1890 et au début du XXe siècle.

Le Pays bigouden, une identité singulière

L’association de culture et du patrimoine “de l’aber Ildut à l’aber Benoît” m’a invité à présenter à ses adhérents une conférence sur les singularités du Pays bigouden, le samedi 17 décembre 2022  à 15h, salle Roz Avel à SAINT-PABU.

Présentation :

“Vivant à Brest, fils et petit-fils de marins-pêcheurs du Guilvinec et de Penmarc’h, enseignant retraité, ancien élève de Per Jakez Hélias à l’Ecole Normale de Quimper, Claude Péron, est contributeur aux revues Cap Caval (Histoire et patrimoine du pays bigouden) et Cahiers de l’Iroise (Société d’Etudes de Brest et du Léon).

Titulaire du Diplôme Universitaire du CRBC de Brest (Centre de Recherches Bretonnes et Celtiques), il s’intéresse de près, par le biais de l’histoire et de l’ethnologie, à la vie et à la personnalité des marins-pêcheurs bigoudens du XVIIIe siècle à nos jours, mais aussi plus largement à tout ce qui touche au Pays bigouden, d’hier et d’aujourd’hui.

Les principaux thèmes abordés :

Le Cap Caval, un territoire ancien.

Cadre : nature, paysages

Economie, tourisme, loisirs

Des clichés, des cartes postales, des stéréotypes, des idées reçues

Quelques constats simples et des réalités, un symbole fort de la Bretagne

Histoire, patrimoine bâti, culture, hommes et femmes

Une version bretonne est également disponible pour les associations de culture et patrimoine en breton : “Ar Vro vigouden, un identelezh dibar”.

Abeille Flandre, retour à Brest et fin

Adarre ! encore une fois, mais la dernière ; la formation de Plougastel a honoré de la plus belle manière qui soit le retour du navire qui va être déconstruit dans les prochains mois.

Le remorqueur de haute mer Abeille Flandre est de retour à Brest. Un dernier voyage, hélas ! pour ce bon serviteur de la mer et des marins. Un bateau robuste et bien entretenu qui aurait, aux dires de ses anciens équipages et de Jean Bulot, patron emblématique, pu naviguer une dizaine d’années encore. L’émotion était présente à 100 % parmi les membres des familles des matelots qui y avaient embarqué sous les ordres de divers patrons comme Jean Bulot ou encore Carlos, Charles Claden.

La décision a été prise de le déconstruire et c’est fort dommage, à moins de deux ans des Fêtes maritimes de Brest 2024 ! Les amis du patrimoine maritime auraient bien vu un hommage rendu à cette occasion à ceux qui ont dans les gênes le courage d’aller sauver des vies humaines et d’empêcher des catastrophes en mer.

100 ans après le remorqueur Iroise du Commandant Louis Malbert, qui a donné son nom au quai où les Abeille s’amarrent depuis plus de quarante ans, prêts à déraper à tout moment pour une mission de sauvetage, c’est dans ce lieu qu’il est revenu ce vendredi 30 septembre 2022. L’esprit du fameux commandant, incarné par Jean Gabin dans le film Remorques, était présent au-dessus du quai avec ses centaines de marins sauvés.

A lire absolument : “L’Abeille d’Ouessant” de Hervé Hamon, Editions du Seuil, 1999

Une interview au JT de 13 h de TF1, à voir ici.

Un atersadenn gant Jean-Luc Bergot war France-Bleu-Breizh-Izel, da glevout amañ (d’ar c’hentañ a viz Here – div wech)