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BR 2024, carnet de bord d’un promeneur brestois Après la fête

Le 18 juillet

Après avoir fait, on défait. Mais ce n’est pas une défaite, sauf peut-être pour certains fêtards ? Un vrai succès, que ces fêtes.

Je suis de retour sur le site, mais du côté Est pour un RDV à 9 heures chez la rhumatologue qui a dû prendre une semaine de congés forcés. Pas facile de se garer. Certains secteurs du port sont encore interdits à la circulation. Le déménagement et le démontage ont déjà commencé tôt ce matin. Après le départ de la plupart des bateaux pour le « retour de noces » à Douarnenez, quelques-uns restant cependant à quai. L’un d’eux, anglais, n’a pas pu quitter Brest ce matin, l’un de ses marins ayant heurté la bôme au niveau de la tête. Il a fallu l’hospitaliser à la Cavale Blanche.

Il va falloir faire place nette et remettre les lieux en état. Ici, il y a aussi des gens qui travaillent toute l’année ! Les structures tubulaires de certains échafaudages, en particulier ceux qui portaient le matériel de sonorisation, déjà enlevé, partagent la verticalité avec les mâts et les grues. L’« igloo »-demi-sphère qui abritait le village polaire a perdu sa couche (de glace) de plastique blanc. Un homme casqué et sanglé comme un alpiniste s’apprête à démonter les superstructures sous l’œil vigilant du monument américain.

Le premier bassin s’est vidé de ses occupants. Il ne reste, le long des pontons provisoires, qu’une pirogue du Pacifique, quatre kayaks, deux canots vernis ainsi qu’une caravelle bleue et orange. Le quai Malbert rime avec désert. Les grandes tentes blanches aux toits pointus font penser à celles des Bédouins. Ne manquent que les dunes de sable et les dromadaires ! La pirogue mélanésienne creusée dans un tronc d’arbre, piteusement abandonnée sur un tas de sable ocre, se demande ce qu’elle fait encore là ! L’ancien canot de sauvetage d’Ouessant Patron François Morin est venu s’amarrer au ponton de la Recouvrance, face au trois-mâts hollandais Kampen, positionné à l’embarcadère des Îles.

Les pêcheurs à la ligne commencent à regagner leur poste préféré sur la digue Lapérouse. Maquereaux, dorades et autres aiguillettes, attention à vous ! On vous a laissés tranquilles pendant une semaine. Attention à ne pas vous retrouver dans leurs assiettes ! Une barrière métallique a fini dans l’eau près de la passerelle d’accès aux pontons, côté sud de la marina. Un long morceau de rubalise rouge et blanche flotte entre deux eaux, pour les séparer ?

Les pontons provisoires sont retirés par les techniciens de l’entreprise de location Locaponton, accompagnés d’un plongeur opérant sous la surface pour enlever les fixations reliant les différents blocs. Un skipper barbu (c’est souvent le cas, me direz-vous !) détache des drisses les décorations aériennes, le pavillon de la fête et d’autres, dont un poisson-manche à air joliment décoré.

Clap de fin, mais pas tout à fait : le mur extérieur de la digue va garder la mémoire de la course autour du Monde des Ultimes en début d’année. Remportée par Charles Caudrelier dont l’empreinte des deux mains a été moulée et reproduite dans une plaque de bronze installée ces derniers jours.

Les deux événements maritimes majeurs brestois de 2024 laisseront, scellés dans nos souvenirs des moments où les tourments divers de l’actualité ont été gommés pour faire place à une impression de zénitude, de laisser-aller et de relations positives et détendues.

BR 2024, carnet de bord d’un promeneur brestois J 6

J 6 mercredi 17 juillet

Dernier jour avant la grande régate qui va mener les bateaux d’une fête à l’autre, le « retour de noces » de Brest à Douarnenez, selon l’expression des « penn-sardin » farceurs qui désignent ainsi son prolongement dans le port sardinier. Quittant la rade pour la baie, l’« armada » va contourner les trois pointes de la croix que forme la presqu’île de Crozon.

Cette fois-ci, pour le troisième jour de mon abonnement — les « cartilages de mes genoux ayant bien chauffé » le lundi, selon l’expression de Gaétan, mon kiné, qui n’est cependant pas inquiet pour moi — j’ai décidé de réduire le temps de marche. Arrivé en voiture près des halles de Recouvrance, 10 minutes à parcourir à pied suffiront pour rejoindre la porte Jean Bart.

En Penfeld, la pirogue baleinière — Eh oui, ça existe ! Et ça vous épate ! — Sterenn de Lanester, qui peut naviguer à voiles, à rames ou à la pagaie, fait sa belle en paradant devant un joli canot vert bouteille gréé en sloop.

Sur le quai, au Fablab Iroise, c’est le bonheur pour les petits et grands Géo Trouvetout, chercheurs prolifiques jamais rassasiés de traficotages et d’inventions : « The right place to be ! » En effet, le Fablab affiche clairement sa philosophie : « Partager, concevoir, apprendre et réaliser ».

Au pied de l’ancien 2e Dépôt, caserne des équipages, le chasseur de mines Andromède se visite. Au-dessus, l’immeuble bientôt cédé à la Ville, a été investi par une joyeuse bande d’artistes qui ont mis au point l’opération « Brest au rendez-vous », une série d’animations du lieu du 5 au 17 juillet. Des plasticiens facétieux ont eu l’idée d’u installer une bonne douzaine de tentacules géants de céphalopodes rouges, verts ou bleus, sortant d’autant de fenêtres et prêts à capturer tout ce qui passe à leur portée. De quoi traumatiser une nouvelle fois les grands travailleurs de la mer Hugo et Gilliatt !

Un groupe de scouts (louveteaux) défile sans ordre, un peu décontractés avec tous leurs écussons cousus sur le dos, sans se prendre pour Tonton Cristobal ! Ils sont suivis de peu par un fourgon de premiers secours de l’Ordre de Malte France, siglée d’une croix blanche sur fond rouge. Encore des gens indispensables !

Sous le tunnel, la foule déboule ! A la sortie, porte Surcouf, le point de vue sur le Parc à Chaînes et le monument américain et ses pins parasols voisins en surplomb surprend le brestois moyen qui n’a jamais l’occasion de passer ici. Le photographe n’a pas, lui non plus, l’occasion de cadrer cette vue sous cet angle avec, en premier plan, une barrière blanche et rouge, surmontée du drapeau tricolore. Un couple LGBT, main dans la main, contemple le bâtiment Barracuda et les promeneurs.

Je me dirige vers la marina du Château et la digue Lapérouse où le mouvement des bateaux de la fête est le plus visible avant une petite régate en rade. Mais, là, pour aller les voir de plus près encore sur l’eau0, c’est une autre affaire car il faut trouver un embarquement ! Sur le mur Ouest du bâtiment des Phares et Balises, l’exposition des « Portuaires », grands personnages du port dessinés, peints et collés par Paul Bloas, voit défiler des milliers de personnes et la digue est noire de monde. Seuls les mâts des grands navires de la fêtes dépassent de cette masse, comme des grands arbres au-dessus d’une forêt.

Les photographes — je ne parle pas de ceux qui capturent des images par le biais de leur téléphone — s’en donnent à cœur joie ! Je précise qu’un « vrai » photographe se reconnaît au fait qu’il colle son œil au viseur d’un Canon ou d’un Nikon, de préférence (les deux derniers fabricants d’appareils photos avec une véritable optique). En bref, quelqu’un qui sait mettre en pratique l’expression fétiche d’Henri Cartier-Bresson : « Photographier c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur.»

Des sujets, ils n’en manquent pas : les élégants voiliers de belle plaisance (faciles à reconnaître, ils sont souvent tout blancs et vernis), les bateaux du patrimoine un peu plus « carrés » ou « pansus », c’est comme vous voulez, aux voiles tannées de couleur ocre rouge, le misainier de Lesconil le Sauveur des Petits, une yole de mer de compétition qui glisse à la surface de l’eau, Seagull de Yann Mauffret qui file à belle allure, une caravelle (embarcation sur laquelle j’ai fait mes premières et dernières armes à la voile à l’Île Tudy en 1968-69 avec le lycée de Pont-l’Abbé), le chalutier guilviniste Blue Wave, Poe, voilier de 1965, un Skellig 2.2, voilier transportable de chez Plasmor, gréé « en lougre » à deux mâts avec deux voiles au tiers, un peu comme les sinagots, le cotre noir Karreg Hir BR 732721, de l’écomusée des goémoniers de Plouguerneau, de 1969, réplique d’un sloop goémonier de 1930, Martine, BR 267931, bleu au liston rouge, sloop goémonier de Landéda.

Une bonne vingtaine de personnes en situation de handicap ou à mobilité réduite passent, embarqués sur la barge aménagée du Centre de Moulin-Mer, mise à disposition de l’association Distro War Vor (retour en mer). Ce moyen de transport adapté leur permet d’être sur l’eau pendant une heure et demie, et d’admirer au plus près toutes les embarcations qui naviguent en rade. Une « belle échappée » dont ils se souviendront longtemps.

L’horizon, dans la direction du Sud, ressemble à une accumulation de mâts, une forêt de triangles souvent blancs ou rouge-orange, une verticalité et une géométrie puissance mille dominant cette ligne étriquée autour de la rade, une vision somme toute limitée pour les marins qui veulent découvrir de grands horizons inexplorés. Et paradoxalement, l’Histoire nous démontre le contraire car, passé le goulet, l’immensité est à prendre, elle est à eux. Ils l’ont prouvé depuis quelques siècles, quittant Brest et revenant, faisant avancer la science de par les connaissances accumulées lors de leurs épopées maritimes autour du Monde.

Par milliers, les spectateurs se pressent sur la digue Lapérouse. Pas de Caudrelier, Coville, Gabart, Joyon, Le Cléac’h et consorts. Non, non, ce n’est pas l’arrivée d’un Tourdumondiste du Jules Verne ou celle d’un Ultime dernière génération, il s’agit d’un spectacle que nous offrent la marine nationale et la SNSM. Un spectacle à couper le souffle : un hélicoptère H-160 de la base de Lanvéoc-Poulmic et une vedette de la SNSM vont procéder à une opération d’hélitreuillage bien rodée. Commentée au micro par un spécialiste, la démonstration recevra les applaudissements et de grands signes amicaux de la main de la part des parents et de leurs enfants, montés sur leurs épaules pour ne rien rater du ballet aérien et nautique.

Devant la digue, la majestueuse et médiatique Étoile du Roy ferme le ban. Plein à ras bord de passagers, on aurait dit un « boat-people » d’où émanait de la musique populo-franchouillarde du style bal de noce ou karaoké, à fond les amplis, très peu dans l’esprit des Fêtes maritimes.

Retour sur le quai des baliseurs. Une queue impressionnante s’est formée pour la visite de l’Hydrograaf. Les auteurs de Locus Solus dédicacent sous un parasol. Certains, auteurs de BD, comme Erwann Le Bot, sont très concentrés sur le dessin original ornant la première page de l’album qui va repartir loin de Brest avec son nouveau propriétaire. De même pour les artistes-auteurs de la galerie POD, dans une tente voisine, tous graffeurs ou bédéistes : Gwendal Le Mercier, Gildas Java, Nibor, Wen 2, Julien Solé, … Un grand plaisir aussi de revoir l’ami Pod à qui l’on souhaite de recouvrer une meilleure santé.

Un grand coup de corne de brume ponctue la sortie du port de la frégate FREMM Normandie. Son départ est salué par des centaines de personnes.

Au village polynésien, un jeune sculpteur kanak travaille sur des troncs d’arbre pour réaliser de petits tikis aux motifs traditionnels des Îles du Pacifique. Une équipière de Roland Jourdain, tee-shirt siglé de la fondation We Explore (navires à voiles construits à base de matériaux naturels comme le lin), suit de près les gestes de l’artiste. Dans le stand voisin, des habitants de Nouvelle-Calédonie informent les visiteurs sur la signification du drapeau et des symboles de la Kanaky (son nom en langue mélanésienne pour les indépendantistes) : le bleu du ciel, le rouge du sang versé, le vert du sol, de la terre ainsi qu’un soleil jaune sur lequel figure en noir, le toutoune, emblème du chef de clan kanak. J’aurai d’ailleurs une longue discussion avec l’un d’eux, actuellement en formation professionnelle à l’UBO. Quelques boutiques voisines proposent les classiques colliers de fleurs ou de coquillages, des instruments de musique ou des vêtements en tissu imprimé richement colorés et ornés de motifs géométriques ou de formes végétales stylisées.

Face au chantier du Guip, à l’extérieur du stand du Musée de la marine, des comédiens costumés proposent une reconstitution vivante des techniques liées à la navigation et au bateaux au Moyen-Âge. Tout près, un atelier offre des démonstrations de fabrication de kayaks et canoës, à faire soi-même. Quelques très beaux exemplaires terminés et vernis sont exposés devant le stand.

Avant d’entrer au Guip, un jeune ouvrier-charpentier nous invite, explications et matériel à l’appui, à découvrir les techniques de torsion du bois et leur application à la charpente de marine bois lors de la construction d’un navire. Deux étuves pour le cintrage des bordés sont également présentées. L’utilisation de la vapeur d’eau permet de rendre flexible le bois et lui donner une forme courbe, ce qui ne manque pas, me direz-vous, dans une quelconque coque !

A l’intérieur du grand hangar, plusieurs expositions permettent de se rendre compte du savoir-faire du Guip. Des coques de bateaux de plaisance en cours de finition, récemment vernies, donnent l’impression — concept que ne renierait pas Claude Monet — d’être face à un kaléidoscope de couleurs ou plutôt à un miroir réfléchissant ceux qui le contemplent. Un coin du chantier est réservé à Paul Bloas et ses « Portuaires ».

Tous les soirs, avec la complicité de Serge Tessot-Gay, guitariste de « Noir Désir », il réalise en direct, devant un public de près de 200 personnes conquises, une performance consistant à créer une nouvelle œuvre peinte. Un vrai succès, m’a confirmé Paul après la fête.

Sur un établi, des plans de demi-coques permettent aux visiteurs de comprendre la structure de la coque d’un navire. Mais c’est à partir d’une demi-coque en bois (modèle qui va permettre de visualiser sa silhouette) que les charpentiers vont pouvoir établir la forme des carènes et les profils de la charpente axiale ainsi que les couples nécessaires à la construction. (Pour plus de détails voir le site du Chasse-Marée)

Un mur du chantier sert également de galerie d’exposition à quelques artistes-peintres (parmi lesquels une grande amie, Anne Smith, Peintre Officiel de Marine) et photographes.

Face aux bureaux du Guip, j’aperçois deux vieilles connaissances en grande discussion : Roger, porte-drapeau des anciens combattants et résistants de l’ANACR et Yffic, Maire du « Port de », élégant bob de couleur crème sur la tête et arborant le tee-shirt des « Tonnerres de Brest 2012 ». Mais ce n’est pas tout ; arrive alors Brigitte Simon, artiste brestoise renommée, et dans la foulée (olympique) François Cuillandre. Deux maires d’un coup ! L’occasion est trop belle (et trop rare) : et hop ! Clic-clac Kodak ! Voilà tout ce beau monde dans la boîte à images !

Tandis que les lichous font la queue au stand « Tacoz sucré » et autres croque-brioche, kouign-amann et glaces, je décide qu’il est grand temps pour moi de me rincer le gosier (sans visiter les Antilles). J’opte donc pour le bar extérieur du Remorkeur, décoré de faux bachis en papier. Après avoir commandé un demi, je demande au serveur s’il est le patron. Parce que, figurez-vous, le patron, c’est l’oncle de mon kiné. Ce n’est pas lui, mais son père est là et les présentations sont faites. Juste à ce moment, j’avise un ami d’il y a près de 60 ans du Lycée de Pont-l’Abbé et je l’invite à prendre un verre. C’est curieux, car nous ne nous rencontrons quasiment qu’ici, lors des fêtes maritimes de Brest ! Dans la même classe de la quatrième à la seconde, il s’agit de Jean-Guy Le Floc’h, PDG d’Armor Lux, un des principaux sponsors des fêtes. C’est à chaque fois l’occasion de bavarder amicalement et d’évoquer des amis communs, de leurs parcours et bien d’autres souvenirs, en toute simplicité.

Après avoir emprunté le tunnel et le « pitit pont », retour rive droite, à Recouvrance au pied de la Tour Tanguy qui veille sur le Biche, thonier de Groix, que je salue avant de quitter définitivement le site par la porte Jean Bart. En attendant 2028 !

BR 2024, carnet de bord d’un promeneur brestois J 4

J 4 Lundi 15 juillet

Retour sur le site des Fêtes maritimes pour une deuxième journée marquée par des pluies diluviennes en fin de matinée. Mais, pas de panique ! Tout a séché et le ciel s’est éclairci. Il ne nous apportera que quelques brumisations sporadiques durant l’après-midi. Il ne m’a même pas fallu sortir le vêtement de pluie de son sac ! Conséquence de cet arrosage, la fréquentation s’en ressent et comme il y a moins de monde, on va pouvoir circuler plus facilement.

J’accompagne depuis la gare un ami artiste qui doit me quitter, car il peut accéder au site par une porte réservée aux porteurs de bracelets attitrés. L’entrée est une simple formalité ; moins de cinq minutes, à comparer aux 20/25 minutes de samedi. Je repère de suite le stand du SHOM et l’ami JB, également sonneur de biniou braz à la Kevrenn Sant-Mark. Lui et ses collègues de travail du Service Hydrographique proposent aux visiteurs de tester de manière ludique leurs connaissances sur la rade de Brest à l’aide d’un logiciel et d’une maquette. Je dois modestement avouer que je n’ai pas réussi à répondre correctement à toutes les questions.

En face, de l’autre côté du Parc à Chaînes, pas de bagnards, mais un papa au chapeau de pirate qui aide son fils pour une chasse aux trésors organisée par le stand « Loisirs en Finistère ». Juste à côté, l’Office de Tourisme du Gosier et de la Désirade (et non désir de rades — il y en a plein sur le quai — pour se remplir le gosier), vous fait miroiter la beauté et l’exotisme de la Riviera des Îles de la Guadeloupe. Allez ! un peu de rêve, ça vous changera de vos envies terre à terre quotidiennes ! Si La France Inconnue vous tente ! …

Je décide d’emprunter le tunnel pour rejoindre la zone militaire le long de la Penfeld et la rive droite côté Recouvrance. La Marine Nationale a investi les lieux ou plutôt, a installé ses expositions chez elle, car il est vrai que ces quais, sis au pied du Château de Brest et de la Tour Tanguy, lui appartiennent. Selon une blague 1000 fois usée, la seule matière grise de l’Arsenal aurait été constituée des couches successives de peinture grise que les matafs appliquaient consciencieusement sur les coques des navires (et qu’ils ne devaient pas saluer !). Et là on se rend compte qu’elle a bigrement évolué. Toutes les spécialités ont bénéficié des avancées technologiques récentes.

Près d’une hélice de patrouilleur, un objet à la couleur jaune pétante attire mon attention : peut-être est-ce là le fameux « yellow submarine » des Beatles ? Un espoir vite déçu ! Non, en réalité, il s’agit de Daurade, un drone sous-marin mis au point par DGA Techniques navales et le SHOM.

Capable de descendre jusqu’à 300 mètres de profondeur, ses instruments de bord, dont une série de sonars (latéral, multifaisceaux ou conçus pour sonder les sédiments lui permettent d’effectuer toutes sortes de mesures lors de missions de reconnaissance comme la cartographie d’un fond, des relevés bathymétriques pour établir un profil, chercher des objets sous-marins, posés ou mobiles, déterminer la nature du fond, etc. (source futura-sciences)

Dans la tente voisine, toutes les composantes actives de la Marine, DGA, Naval Group, la base aéronautique de Lanvéoc-Poulmic, présentent avec moult explications savantes missions et missiles, maquettes d’avions, de sous-marins et de navires, dont le porte-avions Charles de Gaulle, voire même un jeu de bataille navale sur table. Le tout est complété par l’exposition de matériels et tenues pour diverses interventions, dont le sauvetage en mer par hélicoptère et hélitreuillage des personnes.

J’ai même pu discuter avec un homme en tenue jaune ocre de plongeur-démineur. Dans le même secteur, il était possible d’échanger avec les fameux « oreilles d’or », personnes chargées de la veille auditive sur les sous-marins, véritables Sherlock Holmes du son sous la mer.

À l’extérieur, des pilotes en tenue devant un cockpit de Super-Étendard expliquent leur métier. Les enfants surtout, très intéressés, n’hésitent pas à y grimper et s’y faire photographier pour la postérité. « Maman, quand je serai grand, je pourrai être pilote ? »

Sous le pont de Recouvrance, la SNSM a installé son QG, face aux canots orange amarrés au ponton quand ils ne sont pas sur le plan d’eau pour promener les visiteurs (ou alors appelés pour une intervention — Si, si, ça arrive, même pendant les fêtes ; en 2008, mon ami Raymond Le Gain, patron du canot SNSM de Guilvinec, m’a raconté comment, un après-midi, il a leur fallu sortir pour remorquer un vieux gréement avec une voie d’eau en plein milieu de la rade. « C’était moins un », m’a-t-il dit !

Ici, l’ordre du jour est de remplir les caisses : vente de vêtements et de divers objets, recueil de dons, … permettront aux stations des rentrées absolument indispensables pour assurer le fonctionnement, l’entretien et le renouvellement des canots de sauvetage. Ceux de l’Aber Wrac’h sont là aujourd’hui pour présenter le scooter des mers, indispensable pour des opérations près de la côte quand la mer est démontée, des combinaisons de survie et expliquer aux visiteurs leur rôle et leurs missions, et — pourquoi pas — susciter des vocations ?

L’André Malraux, navire de recherches archéologiques du DRASSM (organisme du Ministère de la Culture — un nom obligatoire et logique quand le bateau en dépend) est à quai et s’apprête à appareiller. Et c’est à cause des préparatifs du départ et de la mise en route des moteurs que, malgré les interventions sympathiques d’une bénévole et d’un matelot du bord, le pacha ne m’autorisera pas une dérogation pour le visiter (ma carte d’adhérent à la Société Archéologique du Finistère ne suffira pas). Le journaliste d’une radio associative de la région toulousaine se verra également refuser l’accès à bord.

Face au plateau des Capucins, la Garonne, BSAM (Bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain), construit à Concarneau en 2019 est visitable par le public. Lui, il reste à quai. Je fais demi-tour et décide, après avoir salué Baba Merzoug, de traverser pour de bon la Penfeld en empruntant le « pitit pont » de la chanson (le Pont Gueydon).

Au pied du grand pont, une association de modélisme naval navigant propose aux enfants de diriger à l’aide de boîtiers dédiés, munis de manettes, toutes sortes de bateaux téléguidés sur un plan d’eau artificiel de 300 mètres carrés. Cette expérience leur suffira-t-elle pour embarquer sur de grands voiliers, les commander « en vrai » et partir à l’aventure sur tous les océans du monde ?

Au moins, ils pourront en rêver en admirant, à quai rive gauche, au pied des imposants remparts du Château, les navires-école de la marine, le Mutin, l’Étoile et la Belle Poule, accompagnés de leur équivalent belge (le Zenobe Gramme, du nom de l’inventeur de la dynamo, immatriculé A 958) et de bateaux de la belle plaisance. Plus prosaïquement, ils pourraient aussi s’essayer sur la Nébuleuse (CM 2024, quelle coïncidence!), joli thonier de 19 m, peint en émeraude et vert bouteille, construit à Camaret en 1949 (75 ans, trois-quarts de siècle, respect mon commandant !).

Du pont de Recouvrance à la porte Jean Bart (un sacré client celui-là), le village « Actions de l’État en Mer » permet à différents organismes de se montrer au public et expliquer leurs missions : la gendarmerie maritime, le CEDRE et le CEPPOL (anti-pollution), le DRASSM (archéologie sous-marine), etc … René Tréguer, ancien gardien de but du Stade Brestois capte des photos et tape la discute.

Des passionnés de maquettisme échangent avec les visiteurs aux yeux écarquillés lorsqu’ils apprennent le nombre d’heures qu’il a fallu pour chaque réalisation, un vrai travail de patience et de minutie pour aboutir à une finition très réaliste. Une mention spéciale pour une chaloupe guilviniste immatriculée GV 1969 (année du mariage de l’auteur), ainsi qu’au majestueux porte-avions Charles de Gaulle de l’ami Yvon Bouder. Champions !

16 h 52 : l’André Malraux vient de quitter son amarrage et passe sous le pont de Recouvrance. Pas besoin de lever celui-ci, mais une demi-heure d’ouverture du pont Gueydon et un peu de patience supplémentaire pour celles et ceux qui veulent traverser. Et donc, retour rive gauche après un intermède de discussion rugbystique avec un responsable rennais de la sécurité, à l’accent du sud bien prononcé, et qui avait entendu parler du PAC Rugby de Plouzané. Je suis accueilli par un bagad, le Strollad Bro Leon de Bourg Blanc qui interprète « Tri martolod », la chanson des marins de Léchiagat et qu’interprétait, il y a cent ans, mon arrière-grand-mère Augustine Le Pavec.

Un peu plus loin, un petit bâtiment cubique, l’Observatoire du niveau de la mer est ouvert (très rare!). Ce marégraphe, l’un des plus anciens au monde, a été installé dans le port militaire de Brest en 1846 par Chazallon. Sa visite est une occasion unique de comprendre les enjeux du changement climatique et de l’évolution du niveau marin. Pour plus d’informations, voir le site du SHOM.

Juste à côté, les gentils papys bricoleurs de la « Caisse à clous » initient les enfants, gars et filles, à la découpe du contreplaqué marine pour réaliser une toupie, un joli souvenir de la fête. En toute sécurité, ils vont pouvoir — peut-être pour la première fois — se servir d’une scie, d’un marteau, d’un étau ou autre meule à main. Quand le tout sera assemblé, l’objet pourra être peint et « roule ma poule ! » Au milieu du flot de visiteurs, je fais la bise à une amie de longue date, Anne Smith, Peintre Officielle de la Marine, qui participe avec d’autres artistes- peintres à l’exposition présentée au Chantier du Guip.

D’autres enfants, près de la pointe de la Rose, ont l’honneur, rare car exceptionnel, de se joindre à quelques choristes des « Marins d’Iroise » pour entonner le populaire et inusable « Santiano » d’Hugues Auffray. Un pur bonheur se lit sur tous les visages, vieux et jeunes. Même la mascotte de la chorale ne boude pas son plaisir.

Assise sur une chaise, une dame se fait soigner le genou par une « équipière secouriste » de la Croix Rouge. Pas toujours visibles, mais 100 % indispensables, les secouristes sont présents sur tout le site de la fête, en veille pour intervenir rapidement et prendre en charge les victimes de bobos ou autres problèmes plus sérieux. Sur la grande pelouse de la Pointe de la Rose, une troupe en résidence au Fourneau a installé un dispositif pour présenter un spectacle à un petit public déjà installé sur des gradins démontables en bois.

Un petit tunnel creusé sous la batterie de la Rose permet de rejoindre un sentier étroit longeant le pied des remparts du Château sur son flanc Ouest. A son extrémité, on aboutit au Parc au Duc et on passe devant un petit cénotaphe en marbre noir, portant la mention en lettres d’or : « En hommage aux nageurs de combat de l’Armée de Terre et de la Marine nationale péris en mer ». Nous sommes toujours rive gauche, mais sur le terre-plein sud du Château qui accueille un marché de créateurs et de produits locaux.

Deux villages occupent le reste de l’esplanade avant le quai Tabarly : Under the Pole, Océanopolis, … les scientifiques brestois sont à l’œuvre pour une sorte de grande Fête des Sciences maritimes et océaniques. Au menu : actions contre le changement climatique, lutte contre les pollutions, préservation de la biodiversité et des ressources marines, le tout dans une ambiance ludique et pédagogique. Le village des Jeux propose des activités sportives avec, entre autres, un bassin permettant une initiation à certains sports nautiques. Un cinéma en plein air complète cette offre.

Dans un petit stand couleur vert d’eau, l’inamovible Jacky Le Gall dédicace un livre écrit par Hervé Ugo qui raconte 50 ans de Stade Brestois qui rêve maintenant d’Europe après sa belle troisième place en championnat de Ligue 1. Ayant entendu, de la part de joueurs, que le Monsieur n’avait pas beaucoup d’humour, je lui suggère que la meilleure solution pour assurer la présence du Stade en Coupe d’Europe tous les ans était de militer pour l’indépendance de la Bretagne. Il n’a pas apprécié la plaisanterie et je n’ai donc pas insisté.Retour sur les quais du « Port de ». La boucle est bouclée. On peut dire que j’ai parcouru les 7 kilomètres de quais de la Fête en deux après-midis, sans toutefois prétendre donner une vision exhaustive de tout ce qui était proposé aux visiteurs. Le Maire de Plouarzel, arborant un pantalon rouge pétant, loin de ses convictions politiques, passe devant moi, incognito dans la foule.

Les « Sérial Cleaners » se regroupent pour faire le point. Équipés de sacs à dos, gants et pinces télescopiques, ils arborent des gilets vert fluo bien reconnaissables avec leur logo dans le dos . Certains portent un grand sac ou poussent un bac poubelle à roues pour y déposer leur récolte. On peut leur tirer un coup de chapeau, car le site est vraiment clean. Une autre de leurs équipes ne passe pas inaperçue, car elle est accompagnée d’un cheval attelé à une carriole pour ramasser les sacs déjà remplis sur tout le site.

Devant le chantier du Guip, en plein milieu du Village « Patrimoine maritime », les bénévoles des « Amis du Sinagot » partagent leur passion avec des visiteurs particulièrement intéressés par le Trois Frères, posé sur le quai près d’un stand d’information. Comme tous les jours après 18 h, une compétition se prépare au bassin n° 1: deux petits canots (annexes) sans gréement, l’un bleu clair au liseré rouge, l’autre jaune d’or et liseré noir, s’affrontent pour une course à la godille. Un aller-retour de quelques dizaines de mètres et une bouée à virer pour les marins arc-boutés sur leur aviron.

Des souvenirs de ma jeunesse à Guilvinec me reviennent en voyant ces godilleurs : à 7/8 ans, nous, fils de marins-pêcheurs, savions déjà godiller et ce, bien avant se savoir faire du vélo !

Fin de la journée. Je m’offre une petite Coreff au Pub Mac Guigan’s et une dernière photo pour la route : Dan, le patron, et Vincent (celui des 4Vents) trinquent, l’air satisfaits du déroulement des Fêtes maritimes.

BR 2024, carnet de bord d’un promeneur brestois J – 1

Les bassins commencent à se remplir d’embarcations de toutes tailles, du kayak au quatre-mâts portugais Santa Maria Manuela ou encore le gigantesque navire de recherche, le Thalassa d’IFREMER (75 m). Un petit bateau à vapeur douarneniste décolle du ponton du quai Malbert et envoie, en même temps qu’un jet de vapeur, quelques coups de sirènes un peu rauques.

Sur Golden Vanity, voilier historique de 1908, et ses collègues à couple, l’heure est à l’apéro et à la convivialité entre marins. Très important, il ne faut pas l’oublier. Et, si l’on vient à Brest, c’est pour ça surtout ! Juste à côté, trois magnifiques curraghs irlandais ou gallois. Tout noirs avec les liserés, les bancs et les mâts peints de couleurs vives, bleu rouge ou orange, ils ont été désertés par leurs équipages, partis probablement à la découverte des pubs du quai.

Un peu plus loin, une galerie de quatre tikis taillés dans des troncs veillent sur le village polynésien. Devant les bureaux du Guip trône un magnifique sinagot à deux mâts, Les Trois Frères, classé Monument Historique, construit au Bono en 1943 et symbole de la commune de Séné. Deux hommes discutent près du voilier : Yann Mauffret, maître-charpentier du chantier du Guip, originaire lui aussi du Golfe du Morbihan (Ile aux Moines); son interlocuteur n’est autre que Daniel Fresneau, président de l’association « Les Amis du Sinagot » avec qui je ne vais pas tarder à faire connaissance, en langue bretonne, mar plij !

Sur le quai de la Douane, le bar la Frégate s’est parée de motifs colorés de style pop, très flashy. Un canot à misaine de la Vilaine (et ça rime!) s’essaye à tirer des bords devant l’immense quatre-mâts portugais, suivi de peu par des rameurs de l’aviron de mer de Plougonvelin.

Un docker-artiste décore allègrement les conteneurs de la Penn ar Bed de silhouettes de vieux gréements présents au deuxième bassin.

Vincent, le patron des 4Vents, excité par l’imminence de ses premières fêtes maritimes, essaye du haut de son balcon, malgré tout, de prendre de la hauteur et dominer la situation un tant soit peu pour mieux la maîtriser.

Les bateaux-navettes prévues pour embarquer les personnes à mobilité réduite sont amarrées au ponton des bateaux de pêche du troisième bassin. Un drôle de barnum de style mosquée stambouliote avec pour minaret le monument américain trône devant le Grand Large, près du village des enfants.

Et voilà, maintenant, le décor est en place. Faites entrer les acteurs et les spectateurs. Et que la Fête commence !

BR 2024, carnet de bord d’un promeneur brestois J – 2

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Petit détour sur le sentier côtier

La bisquine la Granvillaise apparaît dans une trouée entre les arbres, du côté de Maison Blanche. Elle est suivie de peu par Twister, élégante goélette construite en 1902 aux Pays-Bas. Quelques petites embarcations, à une ou deux voiles, sortent peu à peu de la ligne d’horizon et saluent les phares du Minou et du Portzic. Un couple de touristes de Montluçon, installés au camping du Goulet, fait ses premiers repérages avant de descendre sur le port pendant les fêtes ; un bon plan, car la navette directe est prévue dans le prix de la place de camping.

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Au Port de

Sur le site des Fêtes, on s’active dans toutes les dimensions, en long, en large et même en hauteur, surtout lorsqu’il faut régler la sono haut perchée (physiquement, dans les airs,et non dans les aigus). Un galeriste, perché sur un escabeau, met la dernière touche à la décoration et au lettrage en forme de jeu de mots de sa vitrine.

Fañch Gouere, l’artiste voyageur qui fabrique à la main des pommes de touline miniatures très colorées, pose pour la postérité avec un acheteur qui vient de lui lâcher un billet pour l’acquisition d’une petite décoration originale.

Exceptionnel ! Depuis des années, le site des Phares et Balises, barricadé derrière ses grilles, n’était plus accessible au public. Et là, miracle ! Les portes sont grandes ouvertes, tout le monde peut entrer et admirer le magnifique Hydrograaf de 1910, navire-musée d’Amsterdam, ancien navire hydrographique de la marine Royale néerlandaise.

Au bout du quai, des jardiniers optimistes ont osé – oui, je dis bien osé – installer de vrais jardins flottants colorés sur des optimists, plutôt destinés à initier les enfants de primaire à tirer leurs premiers bords à la voile. L’une de ces embarcations, bien chargées en pots de fleurs, approche déjà de l’état de carène liquide. Les spectateurs sont plutôt pessimistes quant à son avenir plus ou moins proche …

BR 2024, carnet de bord d’un promeneur brestois J – 5

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Le dimanche 7 juillet, une fête japonaise a lieu sur le cours Dajot. Le Parc à chaînes voit ses places de stationnement se réduire peu à peu au profit de tentes et de barnums. Quelques-unes font penser à de petits radômes de Pleumeur-Bodou.

À l’angle Sud-Ouest, face au Centre de formation de la SNSM, on vient d’installer l’hélice du remorqueur de haute mer Abeille Flandre. Déconstruit il y a moins d’un an, après quelques dizaines d’années de bons et loyaux services, le navire et ses équipages, dirigés par des capitaines comme Jean Bulot ou le célèbre Carlos (Charles Claden), ont évité le pire pour de nombreux navires et leurs hommes. Un hommage mérité, faute de mieux !… Et aussi un clin d’œil au film Remorques de Jean Grémillon, avec Michèle Morgan et Jean Gabin qu’on voit dévaler, lors du tournage en 1939, le même escalier que je viens d’emprunter pour descendre au port.

Quelques restachoù de l’affichage des récentes législatives nous passent un dernier message quant à leur devenir : recyclez, mais avant tout, choisissez la bonne couleur de poubelle ! …

Des boutiques alimentaires s’installent sur le quai Malbert, l’une nous invitant à déguster des tacoz (grand-père en breton), quelle idée farfelue ! Les premiers petits bateaux arrivés prennent place aux pontons provisoires mis à leur disposition dans le bassin n°1. Parmi ceux-ci, le Chantilly, un joli bateau à vapeur verni dont la machine est alimentée par la vapeur produite par la combustion de bois ou de charbon.

Quelques grands navires des Pays-Bas sont amarrés à quai : le Thalassa et sa magnifique sirène en figure de proue, le Joanna Saturna. Plus loin, au ponton de la digue La Pérouse, à l’intérieur de la marina du Château, on trouve le sloop homardier de Paimpol Enez Koalen. Un peu plus loin, Pen Duick et Pen Duick V, des légendes qu’on ne présente plus. Enfin, la gabare ND de Rumengol qui produit elle-même ses herbes aromatiques à l’arrière de la cabine, à l’abri du vent de la course du navire.

L’ami Stéphane L., photographe de talent, toujours à l’affût sur le port de, a décidé de capturer les nouvelles œuvres de Paul Bloas, des géants nouvellement collés sur les murs des Phares et balises, des personnages croqués parmi les travailleur-se-s du Port de. Le même Paul que je viens juste de croiser il y a dix minutes et qui m’a salué d’un large clin d’œil très expressif.

BR 2024, carnet de bord d’un promeneur brestois Avant la fête

Dès les derniers jours de juin, les promeneurs du «Port de» (Port de commerce, seule appellation homologuée par les anciens dockers et surtout pas «Port de Co», une invention des journalistes et des nouveaux habitués, plutôt «bobos», des quais – Les ouvriers du Port, disent-ils, n’ont pas fait d’études à Sup de Co –) ont vu pousser un peu partout sur les quais des dizaines de tentes blanches de forme cubique surmontées d’un cône pointu de la même couleur.

Les abords des quais ont été équipés de centaines de barrières métalliques solidarisées par des colliers ultra serrés. Non, non, je vous rassure, le Tour de France cycliste n’y passe pas, mais il faut assurément protéger des chutes dans les bassins les «maillots jaunes» du concours de lever de coudes.

Il a aussi fallu commencer à faire place nette en dégageant tous les terre-pleins des éléments jugés inutiles ou parasites. Ainsi, l’imoca Fruit, futur Aïsto, récemment sorti de l’eau pour rénovation a été relégué dans la zone industrielle portuaire à 5 h du matin. Plus personne ne se souvient de ses exploits, et pourtant, il compte deux victoires sur le Vendée Globe, en 2000-2001 avec Michel Desjoyeaux et en 2004-2005 avec Vincent Riou sous l’appellation PRB 3. Il participera encore à un troisième Vendée Globe sous le nom de Roxy en 2008-2009 avec Samantha Davies après avoir été skippé par Anne Liardet.

Ar vuhez en-dro e Menez Are

Daou vloaz goude ar mega-tan-gwall n’eo ket mui al liv zu a-us pep lec’h. Al liv glas en doa kemeret e wirioù en-dro da gentañ. Ouzhpenn al liv-se e oa deut da c’houde orañjez ar man-taouarc’h.

Bremañ e vez kavet brulu, brug, kaol-gaol, kentauriad, bleunioù roz ha glazruz, louzeier bras ha bleunioù melen all, bleunioù gwenn pe glas en tachennoù geotenneg. Eno e weler ivez amprevaned o nijal, gwenaned ha balafenned.

Sellout meur a skeudennoù amañ

Touché-e-s par la Grâce

Les panneaux sont installés le long de la ria et du sentier côtier en direction de Logonna.

A l’occasion du 25e anniversaire du «Printemps des poètes», l’association Prim’Vers et Prose consacre cette année, comme depuis 2011, une exposition grand public dédiée à la poésie et à la photographie à Daoulas. La route des visiteurs croisera la Grâce, thème proposé au niveau national par le Ministère de la Culture pour 2024.

Inauguration officielle le 18 mai.