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Cahier de l’Iroise 239 : Objectif Brest

L’Abeille en son miroir, décembre 1995 © Claude Péron

Au sommaire :
Dominique DERRIEN Éditorial – Dans un album de famille…
Claude PÉRON La photographie à Brest – 1849-1945
Jean-Yves GUENGANT Geneviève Élizabeth Francart-Disdéri, entre oubli et reconnaissance
Emmanuel BURLION Ils ont photographiés Brest : Joseph-Émile Mage (1836-1908)
Claude PÉRON René-Victor et Émilienne Boëlle, photographes et éditeurs
Claude PÉRON Inizan-Bocoyran, un siècle de photographie
Béatrice LAGACHE-ROBERT Grenier Photo, un siècle d’histoire
CAPAB Du CAPAB à Pluie d’Images, petite histoire d’un festival photographique
Alain UGUEN Le Musée breton de la photographie et du cinéma
LE CHOIX DE LA RÉDACTION
Gilles CARDINAL La difficile réalisation du boulevard de la Marine
Patrick GOURLAY Poincaré et Lebrun à Brest : deux présidents sur le front naval (1918 et 1940)
et votre habituelle rubrique Voir et Lire
CONTACTS & INFOS societe.etudes29@gmail.com
Numéro en vente 25 € à la Librairie Dialogues
32 € (port compris) sur le site de la SEBL

Une rencontre sympathique

Avec Gilles Servat, Michel Toutous et Yvon Boëlle à Dialogues-Musiques (Photo GG)
(Presque) les mêmes. Photo François Cuillandre

Samedi après-midi, les trois boutiques Dialogues ressemblaient à une véritable fourmilière. Après une bise à ma “vieille amie de l’APB” Anne Smith qui dédicaçait son dernier livre : “Anne Smith, par mer et terre“, aux Éditions Ouest-France. Cent trente pages d’images d’acryliques, dessins, croquis, gouaches et huiles. Le tout, couronné d’un texte magnifique du romancier et essayiste, Philippe Le Guillou.

Puis, route Dialogues-Musiques, qui accueillaient les trois compères et complices co-auteurs du livre “Gilles Servat” paru en octobre 2022 aux Éditions Ouest-France. Parmi les visiteurs, des anciens musiciens ou des militants culturels bretons. Même le maire de Brest, François Cuillandre, avait fait le déplacement et j’ai profité de l’occasion pour le mettre à contribution pour nous photographier.

Je lui ai, par la même occasion, présenté le photographe Yvon Boëlle, descendant de l’ancien maire de Brest Hyacinthe-Martin Bizet, et par là-même lointain cousin de Nicolas Hulot. Le prochain numéro des Cahiers de l’Iroise comportera d’ailleurs un article sur la vie de René et Émilienne Boëlle, arrière-grands-parents de Yvon, photographes et éditeurs de cartes postales à Brest dans les années 1890 et au début du XXe siècle.

Le Pays bigouden, une identité singulière

L’association de culture et du patrimoine “de l’aber Ildut à l’aber Benoît” m’a invité à présenter à ses adhérents une conférence sur les singularités du Pays bigouden, le samedi 17 décembre 2022  à 15h, salle Roz Avel à SAINT-PABU.

Présentation :

“Vivant à Brest, fils et petit-fils de marins-pêcheurs du Guilvinec et de Penmarc’h, enseignant retraité, ancien élève de Per Jakez Hélias à l’Ecole Normale de Quimper, Claude Péron, est contributeur aux revues Cap Caval (Histoire et patrimoine du pays bigouden) et Cahiers de l’Iroise (Société d’Etudes de Brest et du Léon).

Titulaire du Diplôme Universitaire du CRBC de Brest (Centre de Recherches Bretonnes et Celtiques), il s’intéresse de près, par le biais de l’histoire et de l’ethnologie, à la vie et à la personnalité des marins-pêcheurs bigoudens du XVIIIe siècle à nos jours, mais aussi plus largement à tout ce qui touche au Pays bigouden, d’hier et d’aujourd’hui.

Les principaux thèmes abordés :

Le Cap Caval, un territoire ancien.

Cadre : nature, paysages

Economie, tourisme, loisirs

Des clichés, des cartes postales, des stéréotypes, des idées reçues

Quelques constats simples et des réalités, un symbole fort de la Bretagne

Histoire, patrimoine bâti, culture, hommes et femmes

Une version bretonne est également disponible pour les associations de culture et patrimoine en breton : “Ar Vro vigouden, un identelezh dibar”.

Histoires de fontaines sud-bigoudènes

Plomeur, commune aux 100 fontaines

Dans son mémoire1 consacré aux fontaines du Sud-Ouest du Pays bigouden, Mireille Andro effectue « un véritable retour aux sources » en dressant un inventaire exhaustif de ces lieux où, « de tradition millénaire », on allait puiser l’eau, élément indispensable à la vie. La commune actuelle de Plomeur compte donc, en 1994, 100 fontaines recensées : 67 existantes, 5 comblées, 24 détruites et 4 sous forme de toponymes. A Treffiagat, elle en compte 22 : 13 existantes, 1 comblée, 6 détruites et 2 toponymes.

La fontaine de ND de Treminou, haut-lieu de la révolte des bonnets rouges.

Quant à Guilvinec (section de Plomeur qui constituera en 1880 la commune de Guilvinec), on y trouve 12 : 4 existantes, 1 comblée, 7 détruites. Il est intéressant de mettre ces chiffres en parallèle avec les 115 villages de Plomeur, dont 12 à Guilvinec, ce qui permet de conclure que chaque village a sa fontaine ou que chaque point d’eau de la commune a vu la population s’y fixer et créer un hameau.

Les fontaines de Guilvinec

  • Kerfriant, détruite vers 1930, pas de consommation humaine ; un puits aujourd’hui condamné avant le cimetière.
  • Kergoz, détruite vers 1960, à l’ouest du manoir ; elle alimentait un lavoir et un abreuvoir à vaches. Il existait aussi un puits dans la cour du manoir.
  • Kermeur, existante ; n’a pas tari lors de la sécheresse de 1976 ; située à 80 m au sud du menhir ; un lavoir situé près du ruisseau est aujourd’hui détruit.
Fontaine de Lanvar (près de la ferme de Kermeur)
  • Saoul Kanap Du (Eteule de chanvre noir)2; comblée, recouverte par le gymnase Manu Berrou.
  • Kervennec, détruite ; 1 m de profondeur, margelle en granit, tarie en été. Toutes les fermes avaient un puits ; deux lavoirs indépendants.
  • Le Ménez, détruite en 1950, à l’ouest de l’atelier municipal ; son eau est « consommable », mais devient salée par remontées de l’eau de mer lors des grandes marées.
  • Feunteun Mari-Anna ar Poul, du nom d’une lavandière populaire dans le quartier (sud du stade de Lagat-Yar), de construction récente (en 1970 par Xavier Cossec). On peut cependant imaginer qu’une source existait déjà bien avant à cet endroit.
  • Un lavoir dans le même secteur, détruit vers 1970.
  • Poul-ar-Palud, place du 14 Juillet, lavoir de la place, détruit.
Le lavoir de Poul-ar-Palud, aujourd’hui sous la place du 14 juillet
  • Poriguénor, à l’ouest de la ferme, à 7 m de l’avenue de la République ; existe encore ainsi qu’un lavoir à 3 m de là. Autrefois, il existait un puits, aujourd’hui recouvert par la route ; là aussi, on note des remontées d’eau de mer lors des grandes marées. [Le toponyme indique un ancien marais salant ; voir article microtoponymes de Guilvinec]
  • Saint-Trémeur, une fontaine détruite au sud de la chapelle, côté Kerléguer, sur le chemin.
  • Saint-Trémeur, une fontaine existante, récemment rénovée et enjolivée, alimentait le hameau de Prat-an-Ilis.
La fontaine de Saint-Trémeur

Une autre fontaine située sur le territoire de Plomeur est très voisine de Guilvinec : celle de Lagat-Yar.

Une légende liée à la présence d’une résurgence

Comme pour la ville d’Ys, mais à plus petite échelle, une anecdote lie à la montée des eaux une cérémonie druidique ancienne qui aurait perduré jusqu’au XVIIIe siècle. Un lieu de culte très ancien serait donc situé dans la baie de Men-Meur où serait englouti un site mégalithique, sans doute, près d’une source ou d’une fontaine. Albert Clouard rapporte cette légende :

« Par les temps clairs, entre Guilvinec et Penmarc’h, on voit à travers les vagues de larges tables de pierre qui n’étaient autre, prétend-on, que les autels de la cité détruite. Il y a un demi-siècle, les prêtres, accompagnés de toutes les barques du rivage, allaient chaque année en bateau dire la messe au-dessus de ces ruines. »

Sébillot, rajoute, citant Cambry : « Avant 1789, le clergé allait en procession au dolmen de Sainte-Madeleine (Charente-Inférieure), et, vers la même époque, on disait la messe en bateau, au-dessus de pierres druidiques, que l’on apercevait, à quinze pieds sous l’eau, entre Le Guilvinec et Penmarc’h. »

Si l’on observe bien la carte marine du SHOM, on peut distinguer une confluence d’anciens ruisseaux sous la mer. Elle coïnciderait avec la résurgence d’une ancienne source que cite Mireille Andro dans son mémoire. Elle pourrait se situer au sud de Toul ar Ster, vers Groaik6 ar Ster près du point : 47 47 33 N, 04 19 05 W.

1 Andro Mireille Les fontaines dans le sud-ouest du pays bigouden (Le-Guilvinec, Penmarc’h, Treffiagat-Lechiagat, Saint-Jean-Trolimon, Plomeur, Treguennec) 1994.CRBC Cote: M-05979-00

2 Eteule, partie du chaume, passée sous la lame de la faux ou de la moissonneuse, qui reste fixée à la terre après la moisson. Wiktionnaire

6 Gwrac’h : vieille femme ou, dans les légendes, sorcière ou sirène.

Haïku e Plabenneg

Cultur ‘envie, ur gevredigezh gouestlet d’ar sevenadur ‘neus kinniget un abadenn “sevel haiku” e galleg hag e brezhoneg e Plabenneg hiriv, heñchet gant Eliane Talabardon.

Bez eo an haiku ar barzhoneg bihanañ a zo er bed, met daoust dezhañ da vezañ berr n’eo ket dister evit-se.

An diskar-amzer eo, setu goude ur ur bourmenadenn eo bet lakaet war wel penaos skrivañ haiku gant gerioù lufret. Ur pennad barzhoniezh liammet gant an natur.

Setu amañ ar pezh ‘meus ijinet gant ur skeudenn bewech:

Hag unan all:

Hag unan ouzhpenn :

Abeille Flandre, retour à Brest et fin

Adarre ! encore une fois, mais la dernière ; la formation de Plougastel a honoré de la plus belle manière qui soit le retour du navire qui va être déconstruit dans les prochains mois.

Le remorqueur de haute mer Abeille Flandre est de retour à Brest. Un dernier voyage, hélas ! pour ce bon serviteur de la mer et des marins. Un bateau robuste et bien entretenu qui aurait, aux dires de ses anciens équipages et de Jean Bulot, patron emblématique, pu naviguer une dizaine d’années encore. L’émotion était présente à 100 % parmi les membres des familles des matelots qui y avaient embarqué sous les ordres de divers patrons comme Jean Bulot ou encore Carlos, Charles Claden.

La décision a été prise de le déconstruire et c’est fort dommage, à moins de deux ans des Fêtes maritimes de Brest 2024 ! Les amis du patrimoine maritime auraient bien vu un hommage rendu à cette occasion à ceux qui ont dans les gênes le courage d’aller sauver des vies humaines et d’empêcher des catastrophes en mer.

100 ans après le remorqueur Iroise du Commandant Louis Malbert, qui a donné son nom au quai où les Abeille s’amarrent depuis plus de quarante ans, prêts à déraper à tout moment pour une mission de sauvetage, c’est dans ce lieu qu’il est revenu ce vendredi 30 septembre 2022. L’esprit du fameux commandant, incarné par Jean Gabin dans le film Remorques, était présent au-dessus du quai avec ses centaines de marins sauvés.

A lire absolument : “L’Abeille d’Ouessant” de Hervé Hamon, Editions du Seuil, 1999

Une interview au JT de 13 h de TF1, à voir ici.

Un atersadenn gant Jean-Luc Bergot war France-Bleu-Breizh-Izel, da glevout amañ (d’ar c’hentañ a viz Here – div wech)