Cap Caval : le n° 53 est paru

Sommaire

4 Édito

5 Nature Plaidoyer pour le bocage bigouden

6 Le fabuleux destin du bigouden

12 Vols de pommes de terre à Loctudy

19 Les Sonneurs de René Quillivic

24 Frère Jacques Volant Un Bigouden chez les Inuits

29 Bonnes feuilles La langue bretonne à l’école communale de Plovan

34 Jean-Claude Bodéré L’œil d’un géographe sur le littoral bigouden

41 Musée Bigouden Les collections s’enrichissent

47 La photo commentée

CAP CAVAL est en vente en Pays bigouden.

Abonnement auprès de Startijenn Ar Vro Vigouden

45, rue Jean Jaurès, 29120 Pont-l’Abbé

startijennavv@orange.fr

Dans sa bulle

« La vie, c’est comme une bulle, une petite bulle perdue dans l’atmosphère, et qui éclate un beau jour quand le temps est venu. »

André Major (écrivain québécois)

Les pigeons du préfet

Mais qui peut bien en vouloir à ces « beaux volatiles » ?

« Nouvelles du Port : Les pigeons du préfet

Les pigeons du préfet sont les goélands et les guillous qui remontent la Penfeld lorsque le mauvais temps les oblige à fuir la pleine mer.

Ils sont aux ouvriers de l’arsenal ce que les pigeons de Saint-Marc sont aux Vénitiens ; très aimés, on les considère comme étant de la maison. Nul ne s’aviserait en vain de lancer une pierre dans leur direction, et c’est à qui leur présentera un morceau de pain.

Aussi, tous ces beaux volatiles, gris et blancs, prennent-ils leurs ébats sur la rivière, tournant gracieusement autour des chaloupes, des remorqueurs et autres embarcations, puis, fuyant à tire-d’aile, ils plongent bientôt pour s’emparer de la proie qu’un œil de lynx leur a fait apercevoir entre deux eaux.

Depuis que le froid rigoureux est venu, les « pigeons du préfet » ont regagné l’intérieur de l’arsenal maritime, où ils nagent à proximité des quais, avec la grâce de cygnes en promenade, au grand plaisir du personnel que leur allées et venues intéressent fort et amusent pendant le repos du midi. »

Ouest-Éclair 11 décembre 1902

Conférence à Saint-Pabu

« Assister au spectacle quotidien de l’arrivée des chalutiers et du débarquement des caisses de criée chargées de poissons, langoustines et crabes… », c’est le lot ordinaire des visiteurs qui n’ont que très rarement accès au cœur de la chaîne du poisson, du bateau à leur assiette.

Le diaporama « Les métiers du port », illustré de nombreuses photographies de l’auteur, nous propose de plonger dans les coulisses d’un port de pêche (Guilvinec) pour en découvrir les métiers cachés.

Cette conférence, donnée par un fils et petit-fils de marins-pêcheurs, ayant lui-même pratiqué certains de ces métiers dans sa jeunesse, dévoilera de l’intérieur les activités des femmes et des hommes qui contribuent localement par leur travail à l’écosystème de la pêche, en amont du bateau et en aval, en direction du consommateur.

Né il y a plus d’un siècle et demi, le port de Guilvinec-Léchiagat est le 1er port français de pêche artisanale (côtière et petite pêche). Il est le 3e port français, après Boulogne-sur-Mer et Lorient, toutes pêches confondues (hauturière, côtière et petite pêche).

Le samedi 21 décembre 2024 à 15 heures, salle Roz Avel à Saint-Pabu, conférence de Claude Péron organisée par l’association Aber Benoît Aber Ildut. Entrée libre

Pays bigouden, une belle œuvre

Pays bigouden Jean-Yves-Guillaume; photographe; Brest

Un beau livre pour les amoureux du Pays bigouden, de beaux textes et de belles lumières que sait capter le photographe, un vrai cadeau à déguster sans modération !

À la pointe sud-ouest de la Bretagne, le Pays bigouden fait front, face aux coups de boutoir des vagues atlantiques. Sa haute coiffe brodée, qui fut la dernière à être portée au quotidien, symbolise désormais la Bretagne tout entière. C’est le pays de la langoustine vivante débarquée dans ses ports de pêche, du pâté Hénaff, du Cheval d’Orgueil, les mémoires paysannes de Pierre-Jakez Hélias, mais aussi le pays des Bonnets Rouges, les paysans révoltés sous Louis XIV, et au XXe siècle, des sardinières en lutte. Il est aujourd’hui confronté à deux défis de taille : le maintien de la filière halieutique et le devenir du littoral face au réchauffement climatique. Mais les Bigoudens et les Bigoudènes en ont vu d’autres.

Originaires ou amoureux du Pays bigouden, les auteurs de cet ouvrage nous entraînent dans un long et riche parcours, entre terre et mer, à la découverte des grands sites naturels, culturels et économiques de ce Cap Caval aussi fascinant qu’emblématique.

PAYS BIGOUDEN Au parapet du grand large, de Serge DUIGOU, Annick FLEITOUR et Jean-Yves GUILLAUME (Photographe) Éditions Géorama

Pour plus de détails, voir la présentation sur le site de Jean-Yves Guillaume

Naufrage de l’Alouette : un guilviniste sauvé en 1817

Joseph Le Cléac’h, né le 26 août 1784 à Plomeur (Guilvinec), est le fils de Jacques Le Cléac’h et de Marie Anne Nicolas (de Crozon), mariés le 11 novembre 1782 à Recouvrance-Brest (juridiction du Châtel).

Le 19 septembre 1814 à Recouvrance, il se marie à Marie Anne Hily (de Bodilis, près de Landivisiau). Très vite veuf, il se remarie, le 26 mai 1819 à Plomeur, à Marie Tanneau, née le 11 avril 1782 à Plomeur, décédée le 27 janvier 1848 ; le couple n’aura pas eu d’enfant.

Inscrit maritime comme matelot à 21/27 fr, Joseph Le Cléac’h sert de 1803 à 1806 comme novice sur le vaisseau le Tourville. Toujours sur le même en1806, il devient matelot, puis passe sur le vaisseau le Foudroyant. En 1807, il est incorporé dans le premier régiment de marins de Brest. En 1808, il est matelot sur la frégate l’Hermione, sur le vaisseau le Cassard et passe, de 1809 à 1812 sur la frégate l’Elbe.

La reconstitution de la frégate l’Hermione

Il est intégré en 1813 au 6ème équipage de Haut bord. Déserteur le 14 septembre 1813, il rentre à bord le 29 septembre 1813 et sert comme matelot de 3ème classe sur la frégate l’Elbe jusqu’en 1814.

En 1816, il est présent à la pêche à Guilvinec. Levé à nouveau pour Brest le 30 décembre 1816, il est embarqué sur la gabare l’Alouette.

A la mer, une gabare est un bâtiment ponté, allant de 120 jusqu’à 450 tonneaux de jauge selon l’époque et le constructeur, gréé d’un mât à trois-mâts, destiné au transport de marchandises.

Elles étaient particulièrement utilisées, dès les années 1715, pour le transport des bois de charpente vers les arsenaux royaux, mais aussi pour le transport d’autres marchandises volumineuses. Les plus importantes sont armées de 10 à 20 pièces de canons de 4 ou 8 livres, parfois 12. Leurs excellentes qualités maritimes (capacité de chargement, robustesse, qualités de navigation sûres) les ont rendues appréciées des explorateurs des XVIIIe et XIXe siècles.

C’est à bord d’une gabare, le Gros Ventre, que Saint-Aloüarn découvrit l’Australie le 17 mars 1772. C’est à bord d’une autre gabare, l‘Astrolabe, que Jules Dumont d’Urville réalisa son voyage de circumnavigation en 1825-1829, à la recherche de Lapérouse.

Le 6 juin 1817, après avoir passé sans trop d’encombres toutes les guerres de l’Empire et le blocus des côtes bretonnes par les Anglais, Joseph Le Cléac’h va connaître une nouvelle aventure. Il est naufragé au cap de Bonne Espérance (Cap Français, Haïti) sur l’Alouette. L’événement sera immortalisé en 1822 par le peintre Louis-Philippe Crépin (1772-1851).

Musée national de la Marine

« Sauvetage de la gabare l’Alouette, 1817 : le tableau, une huile sur toile, met en scène les marins de ce navire lors de cet événement de mer. La gabare l’Alouette a été perdue le 6 juin 1817 près du Cap Français, sur la côte nord d’Haïti. Des marins ont abandonné le navire en perdition et se sont rassemblés sur un canot de sauvetage. D’autres ont déjà nagé vers les rochers ; épuisés, ils tendent les bras vers les trois hommes qui leur portent secours dans une mer terrifiante. »

Rescapé, Joseph Le Cléac’h est rapatrié en France : embarqué le 20 septembre 1817 comme passager sur le 3-mâts The Friend of London. Mouillant le 17 novembre devant Douvres, le marin guilviniste, envoyé à Calais le 18 décembre, arrivera à Quimper le 25 décembre.

A la pêche à Guilvinec sur la Pélagie de 1818 à 1823. Levé pour Brest à la Cayenne le 4 août 1823. Embarqué le 29 septembre sur le Vaisseau le Jean Bart jusqu’au 24 octobre. 1824 et 1825, à la pêche à Guilvinec sur l’Anne Louise Bon Voyage et la Pélagie.


Retraité vers 1834, on le retrouve à 59 ans en 1845, comme matelot sur le rôle d’armement de l’équipage (5 hommes) de la Marie Jeanne Mauricette dont le patron est son neveu Jean Etienne Le Cléach, 30 ans.

Joseph Le Cléac’h, est décédé le 12 février 1860 à l’âge respectable de 75 ans, exceptionnel pour un marin à cette époque, l’espérance de vie étant comprise entre 40 et 50 ans. Né sous Louis XVI, il aura vu passer la Révolution, le 1er Empire de Napoléon 1er, le retour de la royauté (Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe), la 2e République et enfin le 2e Empire de Napoléon III.

Aet kuit ar c’habiten betek Tir Na Nog

Tremenet meur a wech dirak Rekourañs

ha tour-tan ar Porzig

araok mont da redeg war morioù don

tro-war-dro ar bed

ar vag en avel a-benn, war-zu ar c’hornog

evit e veaj diwezhat, kroget start ar stur gantañ.

Ur gouloù vihan a jom dirak hor daoulagad.

Dalc’homp soñj da viken.

Aet eo kuit ar c’habiten betek Tir Na Nog.

Kenavo dit Marsel !