Après le loup, SKYBAN dans les Monts d’Arrée

Sorte de sniper, de franc-tireur, il n’a pas de nom. On le connaît seulement sous le pseudonyme de SKYBAN. De nombreux usurpateurs tentent en vain de laisser croire qu’ils sont les auteurs — géniaux, bien évidemment — des tags qu’il sème un peu partout. Cependant, lassé des villes et du béton, il a choisi de sévir sur le grès armoricain et les schistes des Monts d’Arrée.

On se demande même si SKYBAN n’est pas le diabolique auteur du feu qui a ravagé les alentours de Menez Mikel, le Mont Saint-Michel de Brasparts. Il est vrai que l’incendie a révélé de nombreux murs en pierres blanches aux faces idéales à taguer avec la quantité industrielle de bâtons de lande calcinés en guise de bombes, mais aussi plus écologiques, car les tags seront effacés par la moindre pluie.

Les gens du pays redoutent cependant son retour, probablement à Saint-Rivoal dans son antre, un manoir ayant appartenu à un de ses ancêtres, le Comte de Cornec, soupçonné un temps d’avoir gravé les rochers de la pointe du Caro à Plougastel-Daoulas à la fin du XVIIIe siècle, alors qu’il se cachait après son évasion du Fort du Corbeau où il était emprisonné pour (déjà) faux en écritures.

En réalité, à Saint-Rivoal, tout le monde sait que l’héritier de la maison Cornec s’appelle Paolig, tout comme le Comte. Tous deux ont aussi en commun la passion des voyages. En effet, lointain cousin du sulfureux Jakez Kerouac, originaire quant à lui du Huelgoat, le graffeur SKYBAN, né comme lui aux USA, a toujours été un adepte de la route. « Chi va piano, va sano e va lontano », le slogan d’un autre lointain cousin, le talentueux Didier “Ploudalman”, grand spécialiste des concerts dans les chapelles.

Revenu aux sources — de l’Elorn — après un passage remarqué, mais incognito, dans la grande ville de Brest, SKYBAN arpente aujourd’hui, comme les anciens pilhaouerien, déguisé en moine capucin, le chemin du Comte afin de trouver les spots adéquats pour y inscrire ses créations de land’art éphémères et y laisser sa signature en noir sur blanc.

Et la nuit, quand l’Ankou rôde, Paolig SKYBAN se fond dans son ombre avec ses bâtons calcinés. Tous ici espèrent cependant la protection de l’Ange Exterminateur qui devrait réintégrer bientôt la chapelle Saint-Michel sur son promontoire.

Et d’affirmer en chœur : “Bec’h dezhi d’an diaoul a lak tan ! Sus au diable qui met le feu ! Et si on l’attrape, il ira directement au frigo calmer ses ardeurs dans l’enfer froid de l’ossuaire de La Martyre ! An Ifern yen !

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