Deux fois programmée, mais jamais réalisée, la cale demandée depuis près de 10 ans au port du Guilvinec va faire l’objet d’un nouveau projet.
« La dépêche du 16 juillet, approuvant la construction de deux fanaux au Guilvinec, a prescrit en même temps d’étudier le projet d’une petite jetée abri qui serait établie sur un massif de rochers situé en amont d’une crique naturelle, à l’entrée du port.
Nous avons examiné attentivement les lieux et nous avons reconnu que le point désigné était le seul sur lequel une construction de ce genre pourrait être élevé dans des conditions économiques. Nous avons en outre consulté les marins du pays sur la nature et la direction des ouvrages qui leur paraissaient principalement nécessaires pour favoriser leur industrie et assurer leur sécurité.
Ceux-ci nous ont fait connaître qu’un môle améliorerait la situation actuelle, mais que l’établissement d’une cale facilement accessible était beaucoup plus urgent et qu’à la rigueur, pendant le mauvais temps, ils pourraient se réfugier au fond de l’anse mais qu’ils n’avaient pour accoster aucun point de débarquement. »
Une première solution, consistant à réaliser une cale et un môle adossés l’un à l’autre, avec un déroctage de 2000 m3, a été abandonnée. Les raisons :
un résultat incomplet car ce projet ne permettrait, à mi-marée, que d’accueillir 100 barques (1/3 de celles qui fréquentent le port)
la dépêche ministérielle qui recommande de restreindre autant que possible la dépense.
L’ingénieur présente son nouveau choix :
« Nous nous sommes arrêtés à une nouvelle disposition plus économique qui, tout en donnant satisfaction aux besoins les plus pressants, a en même temps l’avantage de ne pas engager l’avenir. L’avant-projet que nous présentons ne conserve que la cale et le chemin d’accès. »
Le chemin envisagé devrait mesurer 81m de long et 6,35 m de large avec une première partie horizontale, la deuxième en pente pour rejoindre la cale. Il sera situé à 50 cm au-dessus du niveau des plus hautes mers d’équinoxe.
Sur demande des marins, pour éviter le ressac violent que produiraient les vents dominants, la cale fera un angle de 30° avec le chemin, dirigée vers l’est à l’intérieur de la crique. Longue de 50 m et large de 5,50 m, elle sera en pente ; sa partie la plus basse sera à 0,50 m au-dessus du niveau des plus basses mers de vives eaux. Il a paru inutile de la prolonger au-delà de la limite adoptée, le fond étant à peu près horizontal sur toute la longueur de la passe.
Un escalier est disposé au point de raccordement du chemin d’accès et de la cale ; il a 2 m de largeur et est formé de 19 marches de 020m. Les déroctages exécutés dans l’intérieur de la crique et dirigés de manière à faciliter l’accostage de la cale et de l’escalier et à assurer un mouillage sûr et commode aux barques à l’abri des ouvrages.
Par rapport au précédent avant-projet, seule une partie de la cale est construite en pierres sèches (murs intérieurs). L’extérieur et la partie qui pourra être immergée seront maçonnés avec du mortier. La surface supérieure sera couverte d’un pavage maçonné.
Toutes les maçonneries (tablettes, pavages et parements) sont faites avec des moellons provenant des déroctages.
Il faudra encore attendre un an la décision ministérielle (22 juin 1869) et (enfin) la construction en 1870 de cette cale qui est restée dans la mémoire des vieux guilvinistes sous le nom de Kal Kozh, enfouie sous le terre-plein lors de la construction de la criée à la fin des années 1950.
Mais, malgré cette amélioration, d’autres besoins auxquels il est essentiel de donner satisfaction, se font sentir : il s’agit de permettre de débarquer le poisson aussitôt que possible après le flot, puisqu’il doit être expédié à heure fixe par le chemin de fer. S’il arrive trop tard, il est perdu ; la cale actuelle est (déjà) complètement insuffisante pour atteindre ce but.
Doc AD 29