A l’occasion du troisième épisode du feuilleton « Cale de débarquement », les ingénieurs des Ponts et chaussées font le point sur l’évolution de la pêche au port du Guilvinec depuis 1860 :
Jusqu’ici, l’Etat n’a rien fait pour le Guilvinec : seuls quelques déroctages et une petite cale en pierres sèches ont été approuvés en 1866 malgré l’importance qu’a prise ce port qui est devenu le port de la pêche au maquereau.
Le Guilvinec qui, il y a dix ans, renfermait seulement une dizaine de barques, et qui, par les conditions peu favorables qu’il présentait, paraissait ne devoir jamais être appelé à un avenir brillant, est devenu une des stations de pêche les plus importantes des côtes de France.
Le mouvement actuel a commencé vers 1860 et, depuis cette époque, s’est rapidement accru. Dès que le maquereau est signalé, plus de 300 bateaux de Concarneau, de l’Île Tudy, d’Audierne et de Douarnenez viennent s’accumuler en quelques jours dans cette petite crique et, pendant plus de trois mois, y stationner d’une façon continue.
2500 hommes chaque jour doivent sortir du port et y entrer à peu près au même moment et, pour embarquer de vastes filets, décharger des quantités de poissons souvent énormes, ils sont réduits à accoster sur une côte hérissée de rochers avec la plus grande difficulté, en perdant un temps précieux par suite de la nécessité d’arriver à la gare à heure fixe en courant de sérieux dangers.
Cette année, durant une semaine, il a été expédié chaque jour du Guilvinec pour Paris, de 70 000 à 100 000 kg de maquereaux et les sommes payées sur place ont avoisiné 1 000 000,00 fr.
Ce sont donc des intérêts très sérieux qu’on a à desservir : l’établissement de deux feux sera un véritable bienfait pour les marins, mais il ne suffit pas de montrer aux bateaux la route à suivre pour rentrer au port ; il faut leur fournir les moyens de se livrer avec sécurité et commodité à leur industrie : c’est là le rôle des ouvrages que nous proposons aujourd’hui. Si le mouvement actuel se continue, il est probable qu’il faudra bientôt les augmenter et créer un abri : quoique incomplets, ils réaliseront toutefois une grande amélioration et permettront de faire cesser, au moins pour quelque temps, les plaintes très vives qu’ont élevées les marins du pays.