Les pigeons du préfet

Mais qui peut bien en vouloir à ces « beaux volatiles » ?

« Nouvelles du Port : Les pigeons du préfet

Les pigeons du préfet sont les goélands et les guillous qui remontent la Penfeld lorsque le mauvais temps les oblige à fuir la pleine mer.

Ils sont aux ouvriers de l’arsenal ce que les pigeons de Saint-Marc sont aux Vénitiens ; très aimés, on les considère comme étant de la maison. Nul ne s’aviserait en vain de lancer une pierre dans leur direction, et c’est à qui leur présentera un morceau de pain.

Aussi, tous ces beaux volatiles, gris et blancs, prennent-ils leurs ébats sur la rivière, tournant gracieusement autour des chaloupes, des remorqueurs et autres embarcations, puis, fuyant à tire-d’aile, ils plongent bientôt pour s’emparer de la proie qu’un œil de lynx leur a fait apercevoir entre deux eaux.

Depuis que le froid rigoureux est venu, les « pigeons du préfet » ont regagné l’intérieur de l’arsenal maritime, où ils nagent à proximité des quais, avec la grâce de cygnes en promenade, au grand plaisir du personnel que leur allées et venues intéressent fort et amusent pendant le repos du midi. »

Ouest-Éclair 11 décembre 1902