Le 18 juillet
Après avoir fait, on défait. Mais ce n’est pas une défaite, sauf peut-être pour certains fêtards ? Un vrai succès, que ces fêtes.
Je suis de retour sur le site, mais du côté Est pour un RDV à 9 heures chez la rhumatologue qui a dû prendre une semaine de congés forcés. Pas facile de se garer. Certains secteurs du port sont encore interdits à la circulation. Le déménagement et le démontage ont déjà commencé tôt ce matin. Après le départ de la plupart des bateaux pour le « retour de noces » à Douarnenez, quelques-uns restant cependant à quai. L’un d’eux, anglais, n’a pas pu quitter Brest ce matin, l’un de ses marins ayant heurté la bôme au niveau de la tête. Il a fallu l’hospitaliser à la Cavale Blanche.
Il va falloir faire place nette et remettre les lieux en état. Ici, il y a aussi des gens qui travaillent toute l’année ! Les structures tubulaires de certains échafaudages, en particulier ceux qui portaient le matériel de sonorisation, déjà enlevé, partagent la verticalité avec les mâts et les grues. L’« igloo »-demi-sphère qui abritait le village polaire a perdu sa couche (de glace) de plastique blanc. Un homme casqué et sanglé comme un alpiniste s’apprête à démonter les superstructures sous l’œil vigilant du monument américain.
Le premier bassin s’est vidé de ses occupants. Il ne reste, le long des pontons provisoires, qu’une pirogue du Pacifique, quatre kayaks, deux canots vernis ainsi qu’une caravelle bleue et orange. Le quai Malbert rime avec désert. Les grandes tentes blanches aux toits pointus font penser à celles des Bédouins. Ne manquent que les dunes de sable et les dromadaires ! La pirogue mélanésienne creusée dans un tronc d’arbre, piteusement abandonnée sur un tas de sable ocre, se demande ce qu’elle fait encore là ! L’ancien canot de sauvetage d’Ouessant Patron François Morin est venu s’amarrer au ponton de la Recouvrance, face au trois-mâts hollandais Kampen, positionné à l’embarcadère des Îles.
Les pêcheurs à la ligne commencent à regagner leur poste préféré sur la digue Lapérouse. Maquereaux, dorades et autres aiguillettes, attention à vous ! On vous a laissés tranquilles pendant une semaine. Attention à ne pas vous retrouver dans leurs assiettes ! Une barrière métallique a fini dans l’eau près de la passerelle d’accès aux pontons, côté sud de la marina. Un long morceau de rubalise rouge et blanche flotte entre deux eaux, pour les séparer ?
Les pontons provisoires sont retirés par les techniciens de l’entreprise de location Locaponton, accompagnés d’un plongeur opérant sous la surface pour enlever les fixations reliant les différents blocs. Un skipper barbu (c’est souvent le cas, me direz-vous !) détache des drisses les décorations aériennes, le pavillon de la fête et d’autres, dont un poisson-manche à air joliment décoré.
Clap de fin, mais pas tout à fait : le mur extérieur de la digue va garder la mémoire de la course autour du Monde des Ultimes en début d’année. Remportée par Charles Caudrelier dont l’empreinte des deux mains a été moulée et reproduite dans une plaque de bronze installée ces derniers jours.
Les deux événements maritimes majeurs brestois de 2024 laisseront, scellés dans nos souvenirs des moments où les tourments divers de l’actualité ont été gommés pour faire place à une impression de zénitude, de laisser-aller et de relations positives et détendues.