Guilvinec, « La priorité, c’est la pêche ! »

Les membres du collectif Au Nom du Ster(*) ont pris connaissance avec un grand intérêt du compte-rendu de la table-ronde qui s’est tenue au Guilvinec mardi 3 novembre, à l’initiative de la CCI, et qui réunissait les professionnels de la filière pêche.
C’est bien parce que les 4 associations qui composent le collectif pensent également et depuis le début de leur action que « La priorité c’est la pêche ! » qu’elles maintiennent leur opposition au projet de port de plaisance dans l’arrière-port du Guilvinec.
Leurs analyses convergent très largement avec celles du milieu professionnel. L’une des activités premières du pays Bigouden, de la Cornouaille, c’est la pêche. Ce secteur, avec les emplois directs et indirects qu’il génère, pèse très lourd dans l’économie locale. Le tourisme, trop saisonnier, ne peut être qu’une activité d’appoint, un complément économique, en ne perdant pas de vue, qu’il est en grande partie lié à la pêche et que son attractivité repose sur l’image positive que donnent les produits de la mer.
Ces évidences doivent être rappelées au moment où le monde de la pêche est sans doute à un tournant de son existence, dans un contexte budgétaire très défavorable : les collectivités – communes du Guilvinec et de Treffiagat, Conseils Départemental et Régional – n’ont-elles mieux à faire avec plus de 20 millions d’euros hors-taxes ? (c’est le coût – hypothèse basse ! – du projet de port de plaisance dans l’arrière port commun aux deux communes).

Montage Virginie Théry Collectif Au nom du Ster

L’argent public ne doit-il pas aller en priorité au soutien à la pêche ? Pour le collectif, poser la question, c’est y répondre.
Sans compter que les questions de fond posées depuis des années, ne reçoivent aucune réponse satisfaisante de la part des porteurs du projet qui n’ont probablement pas mesuré à sa juste valeur l’impact de l’augmentation du nombre de plaisanciers sur la zone côtière et qui ne manquerait pas d’accroître les tensions qui existent déjà sur la gestion des ressources halieutiques en zone littorale.
Quant au rôle fondamental des zones humides littorales vis à vis de l’écosystème marin, il est tout simplement ignoré Il est pourtant communément admis aujourd’hui que la baisse de la productivité de la chaine alimentaire dans les écosystèmes marins résulte pour partie de la dégradation des habitats côtiers tels que les zones humides littorales.
A un moment où le secteur “pêche” doute et manifeste de l’inquiétude pour son avenir, il semble que les élus locaux seraient mieux inspirés de travailler avec acharnement à conforter cette activité plutôt que donner à croire que la pêche n’a plus d’avenir en s’investissant dans la plaisance.
Cette stratégie risque de se payer au prix fort dans les années à venir car la plaisance ne pourra jamais constituer une activité de remplacement, sa complémentarité étant par ailleurs très problématique et discutable.
Il y a de la grandeur à reconnaitre que l’on s’est trompé, ou que l’on a vu trop grand, ou tout simplement que le contexte économique et budgétaire a changé : n’est-il pas temps pour les élus des communes de Guilvinec et Treffiagat de mettre fin à la fuite en avant, de renoncer publiquement à ce projet pharaonique et coûteux, et de le dire clairement à leurs concitoyens ?
Le collectif réaffirme la nécessité de donner la priorité à la pêche et demande l’abandon du projet de port de plaisance.

(*) Associations Sur un air de Terre, Sauvegarde du Littoral du Guilvinec,

Bretagne Vivante-SEPNB Pays bigouden et Eau et Rivières de Bretagne