L’activité croissante du port du Guilvinec n’est pas sans laisser indifférents les différents camps qui s’affrontent lors des élections cantonales de 1869 ; en voici un éloquent témoignage :
“Je passe à une autre manœuvre, et voici ce que je lis signé d’un homme fort honorable, témoin des faits :
« La pêche du maquereau attire dans chaque saison au petit port de Guilvinec (commune de Plomeur) un grand nombre de marins. Il s’est créé là par cette affluence un centre commercial d’une certaine importance pour l’exportation du poisson, mais qui, jusqu’à ce jour, par l’indifférence de l’administration, est resté dépourvu des conditions les plus élémentaires d’aménagement.
Les commerçants et marins du Guilvinec ne savaient, au commencement de cette année, quelle était la suite donnée à leurs réclamations, quand, dans la période électorale, ils furent visités à plusieurs reprises par des conseillers de préfecture, et notamment un jour par le secrétaire général accompagné d’agents des ponts et chaussées qui promirent hautement pour cette année le commencement des travaux.
Peu après, les agents de M. du Couëdic y firent circuler une lettre du ministre des travaux publics à ce député, lettre que nous avons vue et qui annonçait que les avant-projets étaient terminés et qu’on allait procéder à la rédaction du projet définitif. Cela voulait dire en bon français, ou plutôt en français administratif, qu’il n’y avait encore rien de fait. »
C’était, par conséquent, un démenti donné aux affirmations téméraires des agents de la préfecture. Mais pour les habitants du Guilvinec peu au courant de la procédure administrative, cela avait une autre signification ; ils n’en pouvaient conclure qu’une chose, la confirmation des assurances qui venaient de leur être données.
Cette pièce donnait à leurs espérances, qui jusque-là n’avaient été éclairées par aucun renseignement officiel, une véritable consistance. Tel était le but poursuivi par les agents de M. du Couëdic ; ils ont inévitablement spéculé sur l’interprétation qu’on ne manquerait pas de donner à ce document après la visite des agents préfectoraux, et sur ce qu’on ne manquerait pas aussi d’attribuer à leur patron l’honneur du bienfait que l’on voyait ainsi annoncé par son entremise.”
Journal officiel de l’Empire français 1869/12/24