Littoral de Guilvinec et du port
Autrefois, chaque crique (porzh), chaque rocher (maen ou karreg) possédait son appellation propre. La plupart ont aujourd’hui disparu sous les aménagements portuaires récents ou ne sont plus usités.
Les porzhioù (ports naturels, criques pouvant servir de lieux d’échouage)
Pors an Arc’hant, Porzh an Arc’hant, le port d’argent,
Pors Bian, Porzh Bihan, petit port,
Pors Bras, Porzh Bras, le grand port,
Pors Glaz, Porzh Glaz, le port bleu,
Pors Houarn, Porzh Houarn, le port au fer,
Pors ar Cornou, Porzh ar Kornoù, le port des coins (?), cornes (?), cormiers (arbres) (?), kornog, ouest (?) ou port d’un dénommé Cornou ? Sur un autre document, il est fait mention de la grève de Pors Hornou (au même endroit, face à l’emplacement de l’ex-usine Chacun), ce qui permet de penser que Pors Houarn et Pors Hornou désignent le même lieu.
Pors (ar) Mogn, Porzh (ar) Mogn, le port de Le Moigne.
Dans ces dernier cas, Porzh peut aussi signifier porche, cour ou domaine, d’où le nom de personne possible en deuxième partie du toponyme.
Les cales
Ar Chaoser, Ar Chaoser, du français chaussée mais ici digue, déjà présente en 1860, simple cale en blocs grossiers superposés ou plutôt jetée de pierres entassées, que les marins eux-mêmes ont faite sur la plage un peu en amont du corps de garde de la Douane.
Cal ar Hoseg, Kal ar C’hoseg, la cale de Cossec, mentionnée lors de la construction du môle après 1896. Elle était située au-dessus d’un plateau rocheux, la basse du Cossec, pas loin de l’emplacement du phare actuel.
Kal Kozh, Kal Kozh, la vieille cale, demandée en 1861, elle ne sera terminée qu’en 1870.
Kal Nevez, Kal Nevez, la cale neuve, construite en 1887.
Kal ar vassenn, Kal ar vassenn, la cale du bassin, située le long du vivier Pichot.
Kal ar vag savetaj, Kal ar vag savetaj, cale du bateau de sauvetage, située le long du môle, à l’intérieur du port.
Kal ar Piti, Kal ar Piti, Cale du « petit », un membre de la famille Le Cléac’h, située à Lostendro (aussi appelée parfois Kal Galopic, du surnom d’un autre Le Cléac’h).
Les rochers
Maen désigne plutôt un gros rocher à terre ou émergé, tandis que karreg sert à nommer un rocher situé en mer, un écueil.
Men ar Gelveneg, Maen ar Gelveneg, rocher du Guilvinec, également nommé en 1869 la Vieille Femme (Pilote de la Manche : côtes nord de France. Volume 1, De la pointe de Penmarc’h à l’île de Bas, M. Thomassin)
Men Birinik, déformation de Maen Brini – Brini, pluriel de bran, corbeau –, le rocher aux cormorans (Bran mor ou morvran, au pluriel morvrini), (Men Brini en 1869 – Pilote de la Manche)
Men Faoutès, Maen Faoutet, la roche fendue,
Men Cren, Maen Krenn, le rocher rond, la pierre trapue
Men Meur, Méen Meur, Maen meur, la grande pierre,
Klézer, Ar C’hleser, ? Kleizer, vent de nord (Albert Deshayes)
Karreg Bien, Karreg Bihan, le petit rocher,
Karreg da Lae, Karreg da Lae, le rocher d’en haut,
Karreg ligistri, Karreg ligistri, les rochers aux homards,
Les dunes
Lostendro, Lost an dro, la queue du tournant, un cordon dunaire de forme courbe à son extrémité.
An Aod Wenn, grève blanche, au nord de Porzh Bihan
Toul Toffig, trou du petit Christophe (petite plage au nord de an Aod Wenn)
Les microtoponymes marins
Malheureusement, le collectage de tous les noms de rochers de la côte et en mer (micro-toponymes marins ou toponymes nautiques) n’a pas eu lieu – au moment où les témoins étaient encore en vie – et sont aujourd’hui définitivement perdus. Quelques noms ont cependant échappé à l’oubli, grâce à une étude menée pendant plusieurs années par Alan-Gwennog Berr, chercheur au CNRS, chargé de ce recensement pour le compte du SHOM de Brest. Tous ces toponymes nautiques de la Bretagne bretonnante ont été publiés dans les Annales hydrographiques en 1960-61.
Toponymes nautiques du port de Guilvinec-Léchiagat
Si l’on inclut Léchiagat et donc les abords est et sud du port de Guilvinec-Léchiagat, on trouve les toponymes suivants :
Beg Lehan ou Beg Tal Lehan, pointe devant Léhan
Begellig, petite roche pointue
Kanol a Zouar, chenal de terre au nord de Tal Lehan
Ar Grilh, la langouste
Karreg ar Grilh, roche de la langouste
Porz Treilhenn, petit port d’échouage devant des treilhennoù,
Kanol ar Bodez, chenal
Cribec ou Cribig, le petit peigne
Ar Gribenn, la crête (des rochers)
Penn Men Bodere, Sommet de la roche de Bodéré
Keo, ar C’heo, le grotte, rocher détruit pour faciliter la navigation dans les années 1880
Mein Bilzig, roche
Platenn Zaladenn, plateau de la salade (?), de Salaün (?)
Karreg ar Gaouerien, rocher des menteurs
Karreg ar Ruz-Reor, rocher (ou cale) du frotte-cul
Truk Faoutez, passage de la roche fendue, qui permettait aux bateaux venant du sud de rentrer directement au port à marée haute, fermé après la guerre
Groaik, Gwrac’hig, la petite vieille
Gwrac’hig Vihan, la petite petite vieille
Le Capelan, an Ebeulien, les Poulains. Le Capelan est le nom français du petit prêtre (beleg en breton). Il est possible que cette appellation provienne du nom du navire de surveillance des côtes de la Marine au XIXe siècle, le Capelan, qui avait pour habitude de mouiller à cet endroit.
Côté Guilvinec, dans le port et à l’extérieur, on relève les toponymes suivants :
Ar Ganol Vraz, le grand chenal (d’accès au port)
Men Du, la pierre noire,
Rousse ar Men Du,
An Torchig, la petit touffe, plateau rocheux au sud-est de la mairie
Klezer, Klezeier Bihan, Klezeier Braz, les épées (petite et grande roche)
Al Laerez, la voleuse
Enez Kozh, la vieille île (rochers à la pointe de Men Meur)
Karreg ar Pironed, rocher des pironneaux (petites dorades)
Karreg Goac’h, roche de la dorade
Et plus au large, on trouve également sur les cartes marines de différentes époques quelques écueils de sinistre réputation :
Ar Guisty, les putains
Ar Felec’h, les faux, bizarrement traduit par Les Fourches,
Men Lagadec, la roche de Lagadec
An Trebeziou, les trépieds
Kammouk, ar c’hammou, rochers tordus
Tal ar Vaz, devant la basse
Karreg ar C’hi, roche du chien
Pélénic, Pellennic, petite pelote ou girouette (?)
Ar C’harr, La Charette,
Basse ar Vadeo, ar vadeza, le baptême
Karek Hir, Roche longue
Lost Moan, queue mince
Men Bougrès, Pen Men Pod Trez, Tête de la roche au pot de sable, de grès
Source : Alan-Gwennog Berr Annales hydrographiques SHOM, Brest1960-61.