Archives mensuelles : juin 2015

Comment lire des livres en breton dans les médiathèques brestoises durant l’année à venir ?

Emprunter un livre en breton dans les médiathèques brestoises s’apparentait déjà à un parcours du combattant. Jusqu’à présent, il fallait consulter Internet, trouver la cote du ou des livres qu’on voulait lire, et faire sa demande à la bibliothèque d’Etude, la seule à proposer des ouvrages en breton. La plupart de ces livres étant stockés en réserve, seules quelques nouveautés étaient disponibles directement sur présentoir.
Depuis la réorganisation envisagée (transfert des collections à la future médiathèque des Capucins), il ne sera plus possible d’emprunter un seul livre en breton pendant un an, soit jusqu’à l ‘été 2016 !
Je viens d’en faire l’expérience ce vendredi 26 juin : ayant emprunté deux livres (Itron Varia Garmes de Youenn Drezen et Nomenoe Oe ! De Jakez Riou) que je n’avais pas finis, j’ai demandé à pouvoir prolonger mon prêt et les garder tout l’été, comme c’est le cas pour les livres en français. On m’a répondu que ce n’était pas possible, que les opérations d’étiquetage avec les nouvelles normes, le transfert aux Capucins, … ne permettraient pas d’en emprunter de nouveaux avant l’été 2016.
Il est curieux, pour une ville qui a signé la charte Ya d’ar Brezhoneg en 2006, que rien n’ait été envisagé pour combler ce manque, anticiper le problème et trouver une solution de substitution, en créant, par exemple, un fonds breton temporaire dans une des médiathèques de quartier (je pense à celle de Bellevue qui dispose d’un espace conséquent et qui aurait pu « dépanner », le temps de l’installation aux Capucins).
Bleo ! (*) pour les lecteurs de langue bretonne et pour les apprenants (ce qui est mon cas) qui se nourrissent de la lecture du fonds breton (4000 titres) qui se trouve neutralisé par manque d’anticipation et de prise en compte des conséquences concrètes d’un changement qui n’a pas été pensé dans toutes ses dimensions !

Une rupture inacceptable de la continuité du service public !
Priver une partie de ses abonnés de ses lectures préférées pendant une période si longue ne me semble pas correspondre à l’ambition affichée de mettre le service public des médiathèques à la disposition d’une politique culturelle ambitieuse quant à la démocratisation de la lecture dans toutes ses composantes, la culture bretonne y compris.
(*) Que dalle, en bon français !

Salon du livre de Kergroadez

Un beau dimanche de juin; trop beau peut-être!

Enfin, plus de 200 personnes sont venues à notre rencontre, dans ce magnifique cadre du château de Kergroadez.

Kergroadez 14 06 2015 303

Des rencontres agréables et conviviales pour les 39 auteurs présents à ce rendez-vous parrainé par Nono.

Une première à renouveler et à affiner.

Pour plus d’images, voir la galerie photos.

Salon du Livre « Kergroadez se livre… »

Le dimanche 14 juin, de 11h à 12h30 et 13h30 à 18h30, aura lieu le premier salon du livre au château de Kergroadez cette année : « Nos auteurs bretons ».

UTL Landerneau Kergroadez

Photo UTL Landerneau

Pour petits et grands, Kergroadez accueille une quarantaine d’écrivains. Ils présentent et dédicacent leurs ouvrages : romans, livres pour la jeunesse, romans policiers, essais, poésies… sur les thèmes de l’Histoire, du Patrimoine, de la Nature, de la Cuisine…

Exposition des oeuvres du peintre d’ Edouard Mocaër.

Site du château de Kergroadez : http://www.kergroadez.fr/

1869 Elections, manoeuvres et réclamations

L’activité croissante du port du Guilvinec n’est pas sans laisser indifférents les différents camps qui s’affrontent lors des élections cantonales de 1869 ; en voici un éloquent témoignage :

“Je passe à une autre manœuvre, et voici ce que je lis signé d’un homme fort honorable, témoin des faits :
« La pêche du maquereau attire dans chaque saison au petit port de Guilvinec (commune de Plomeur) un grand nombre de marins. Il s’est créé là par cette affluence un centre commercial d’une certaine importance pour l’exportation du poisson, mais qui, jusqu’à ce jour, par l’indifférence de l’administration, est resté dépourvu des conditions les plus élémentaires d’aménagement.
Les commerçants et marins du Guilvinec ne savaient, au commencement de cette année, quelle était la suite donnée à leurs réclamations, quand, dans la période électorale, ils furent visités à plusieurs reprises par des conseillers de préfecture, et notamment un jour par le secrétaire général accompagné d’agents des ponts et chaussées qui promirent hautement pour cette année le commencement des travaux.
Peu après, les agents de M. du Couëdic y firent circuler une lettre du ministre des travaux publics à ce député, lettre que nous avons vue et qui annonçait que les avant-projets étaient terminés et qu’on allait procéder à la rédaction du projet définitif. Cela voulait dire en bon français, ou plutôt en français administratif, qu’il n’y avait encore rien de fait. »
C’était, par conséquent, un démenti donné aux affirmations téméraires des agents de la préfecture. Mais pour les habitants du Guilvinec peu au courant de la procédure administrative, cela avait une autre signification ; ils n’en pouvaient conclure qu’une chose, la confirmation des assurances qui venaient de leur être données.
Cette pièce donnait à leurs espérances, qui jusque-là n’avaient été éclairées par aucun renseignement officiel, une véritable consistance. Tel était le but poursuivi par les agents de M. du Couëdic ; ils ont inévitablement spéculé sur l’interprétation qu’on ne manquerait pas de donner à ce document après la visite des agents préfectoraux, et sur ce qu’on ne manquerait pas aussi d’attribuer à leur patron l’honneur du bienfait que l’on voyait ainsi annoncé par son entremise.”

Journal officiel de l’Empire français 1869/12/24

Une tentative de pisciculture à Veilh Vor en 1865

Une dépêche du 24 octobre 1865, du Ministre de la Marine au préfet maritime de Brest, autorise par arrêté M. Eugène de Toulgoët, propriétaire à Combrit, à établir un barrage ou réservoir à poissons dans l’étang du moulin à mer de L’Estriagat (Ar veilh vor).
Cet étang appartient à M. Le Gouvello qui en a fait location à M. de Toulgoët et l’a autorisé à pratiquer des essais de pisciculture. Une enquête a été ouverte et l’ingénieur des Ponts et chaussées a dressé un plan et fait un rapport visé et approuvé par l’Ingénieur en chef de Brest. La commission permanente des pêches et de la domanialité maritime ayant rendu un avis favorable, toutes les conditions sont donc réunies pour que le projet se concrétise.

Ce réservoir à poissons, de forme irrégulière, sera établi dans une partie de l’étang, situé au fond du port de Guilvinec. Il sera construit au moyen de deux barrages d’une longueur de 70 m au plus chacun, placés vers le milieu de l’étang. Ces barrages seront formés de madriers en chêne de 2 m de hauteur et distants les une des autres de 3 cm.
Le document précise qu’il ne sera apporté aucune modification à l’état actuel de l’étang du moulin de l’Estriagat qui continuera à être alimenté par les trois ouvertures déjà existantes dans la chaussée du dit moulin. En outre, le réservoir devra être établi de manière à contenir en tout temps, la quantité d’eau nécessaire à la conservation du poisson.
L’autorisation est accordée sous la condition expresse que M. de Toulgoët ne livrera à l’alimentation que des poissons ayant les dimensions réglementaires et que le réservoir ne donnera accès qu’aux poissons qui s’y introduiraient librement ou à ceux qu’il achètera aux pêcheurs ou à d’autres détenteurs de réservoirs.

Il ne pourra transmettre à quiconque la faculté d’exploiter son établissement, sauf à en faire la demande au bureau de l’Inscription maritime de Quimper. Si la cession est accepté par la Marine, le nouveau détenteur devra en continuer l’exploitation dans les mêmes conditions.
M. de Toulgoët est également tenu, pour la surveillance et l’exploitation de son établissement, de n’employer autant que possible que des inscrits ou des femmes, enfants, mères ou sœurs non mariées d’inscrits maritimes.
Il devra aussi faciliter les investigations auxquelles les fonctionnaires ou agents de la Marine jugeraient utiles de procéder pour s’assurer des conditions de l’exploitation.

La présente autorisation, accordée à titre gratuit, ne constitue pas un droit de propriété, mais seulement un usage révocable à la première réquisition de l’Administration de la Marine, sans que le détenteur puisse prétendre à aucune indemnité. Toute infraction aux dispositions qui précèdent pourra motiver le retrait de l’autorisation et s’il y a lieu, l’application des peines portées par le décret du 9 janvier 1852.

Cette tentative, comme de nombreuses autres, portées par M. de Toulgoët, ne sera jamais viable et sera abandonnée au bout de quelques années.

Doc SHM 3P1 35

Qui est M. Eugène de Toulgoët ?
Eugène François Le Goazre de Toulgoët est né le 21 septembre 1821 à Gouesnac’h. Il est le fils de Augustin Joseph Marie Gooazre de Toulgoët, propriétaire à Gouesnac’h et de Thérèse Jeanne Françoise Du Haffont. Il se marie le 10 janvier 1844 à Roscoff avec Aglaé Adèle Mallebay, fille d’un négociant de Roscoff.

En 1855, Eugène de Toulgoët fait construire le long de l’estuaire de l’Odet, à Sainte-Marine, l’une des premières grandes villas édifiées pieds dans l’eau. Cette grande demeure se dresse sur la pointe rocheuse de Beg-ar-Hoec, appellation tombée en désuétude. La mention « pointe de Toulgoët » figure désormais sur les cartes marines.
Construite en 1854, la maison prend quelques années plus tard le nom de château de Malakoff, car sa tour crénelée rappelait aux marins qui remontaient ou descendaient l’Odet un épisode de la guerre de Crimée auquel certains pouvaient avoir participé. La prise de la tour de Malakoff avait eu lieu le 8 septembre 1855.

Selon Wikipédia, Eugène de Toulgoët aurait été armateur d’une vingtaine de bateaux (les registres matricules de l’Inscription maritime conservés au SHD à Brest n’indiquent cependant que trois bateaux appartenant à de Toulgoët de Sainte-Marine : un canot, Agile, Q 18, un autre canot, Mulet, Q 72 et une chaloupe, Frisette, Q 215). Un brick, Edouard Corbière, Q 33, appartenant à un certain Malbay, nom de jeune fille de sa femme, apparaît également.
Différentes sources affirment aussi qu’il aurait exercé cette activité d’armateur à Lesconil ou Loctudy, mais les registres matricules du SHD de Brest n’en font aucune mention.
Eugène de Toulgoët se lance dans plusieurs tentatives de pisciculture sur la côte bigoudène et aux Glénan, mais apparemment la plupart de ces expériences vont tourner court, sauf peut-être celle de Kermor à l’Ile Tudy.
En 1853, grâce à la digue de Kermor, l’Ile-Tudy est relié définitivement à la terre ferme. La palud peut être “poldérisée” et c’est la naissance de trois fermes de “colonisation” : Beg ar Fry, Le Treustel, Kermor Braz ; l’agriculture prend petit à petit la place de la mer. Reste au pied de la digue un étang d’une vingtaine d’hectares d’autant plus intéressant à exploiter que la pisciculture est à la mode. Grâce à l’appui du duc de Morny, demi-frère de Napoléon III, ami de la famille de Cresolles, propriétaire des étangs, la demande faite en mars 1862 “d’établir des parcs à homards et langoustes et des réservoirs dans sa propriété de Kermor” est acceptée.
À la suite d’aléas divers la Société des Pêcheries de Kermor change de propriétaires et se lance dans la pisciculture ( élevage de turbots, bars et autres poissons de luxe) dans quatre bassins créés en arrière de la digue. En 1869, l’activité redevient florissante grâce à Fortuné Halna du Fretay et au nouveau directeur, Eugène de Toulgoët.
Après son départ, les réservoirs, rachetés en 1888 par le notaire pont-l’abbiste, Le Déliou, ne sont plus entretenus et se combleront. Il n’en restera plus que le plan d’eau que traverse la route départementale actuelle.

Sources:
Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte-Marine_%28Combrit%29
Topic Topos :http://fr.topic-topos.com/chateau-de-malakoff-combrit
Bulletin municipal Combrit de juillet 2009 :
http://www.combrit-saintemarine.fr/wp-content/uploads/2013/08/BULLETIN_07-2009.pdf

1867 Dénonciation d’une commerçante

« Une femme, Catherine Ricard qui fait un petit commerce au Guilvinec, m’est signalée comme ayant jeté des cadavres de marsouins sur la côte du Guilvinec. Les pêcheurs que j’ai punis pour de semblables motifs se plaignent avec raison de cette femme. Afin de prévenir l’épidémie qui a frappé la population maritime l’an dernier, il serait bon, je pense, de prendre quelques mesures sévères contre les habitants qui commettent de semblables délits et j’ai l’honneur d’en donner connaissance au maire de Plomeur pour qu’il prenne telle mesure qu’il jugera convenable. »
Commissaire Inscription maritime à Quimper
Doc SHD 15 avril 1867