Archives mensuelles : mars 2015

1862 Le vivier Pichot

Une dépêche du 31 mai 1862, du Ministre de la Marine au préfet maritime de Brest, autorise par arrêté M. Louis Pichot, expéditeur de poissons, domicilié à Plomeur à établir sur la côte de Guilvinec (quartier de Quimper) un réservoir à homards et langoustes. Il porte le n° 11 du registre des pêcheries du quartier de Quimper.
Après l’ouverture d’une enquête, un plan dressé par l’ingénieur des Ponts et chaussées, un rapport visé et approuvé par l’Ingénieur en chef de Brest et un avis favorable rendu par la commission instituée par la décision impériale du 20 mars 1861, toutes les conditions sont donc réunies pour que le projet se concrétise. Ce réservoir à poissons, de forme rectangulaire, sera établi sur la côte de Guilvinec. Il aura 40 m de longueur sur 10 m de largeur.
Le détenteur est également tenu, pour la surveillance et l’exploitation de son établissement, de n’employer que des inscrits ou des femmes, enfants, mères ou sœurs d’inscrits maritimes.
La présente autorisation, accordée à titre gratuit, ne constitue pas un droit de propriété, mais seulement un usage essentiellement précaire et révocable dont la suppression ne saurait ouvrir au détenteur aucun titre à indemnité.

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Le vivier Pichot était situé au milieu du Quai de l’Océan actuel. Il a été recouvert lors de la construction de la criée à la fin des années 1950. (Doc AD 29)

Le 12 septembre 1862, une autre circulaire fait état d’une seconde demande du même Louis Pichot, à l’effet d’obtenir l’autorisation d’établir un réservoir à poissons dans les rochers de la côte de Guilvinec, au Nord de la roche appelée Men-Meur, et d’élever sur ce point une maison de garde.
La demande du Sr Pichot n’est pas susceptible d’être accueillie, car elle est contraire aux dispositions de l’article 9 du 10 mai 1862 qui indique que les réservoirs à poissons ne peuvent être établis que sur des propriétés privées.
Toutefois, si le réservoir qu’il demande à établir n’était pas destiné à recevoir du poisson mais devait seulement renfermer des crustacés (homards et langoustes), sa demande semblerait pouvoir être instruite.
Signé De Chasseloup Laubat
SHM 3P1 32

1868 La cale va-t-elle enfin voir le jour ?

Deux fois programmée, mais jamais réalisée, la cale demandée depuis près de 10 ans au port du Guilvinec va faire l’objet d’un nouveau projet.
« La dépêche du 16 juillet, approuvant la construction de deux fanaux au Guilvinec, a prescrit en même temps d’étudier le projet d’une petite jetée abri qui serait établie sur un massif de rochers situé en amont d’une crique naturelle, à l’entrée du port.
Nous avons examiné attentivement les lieux et nous avons reconnu que le point désigné était le seul sur lequel une construction de ce genre pourrait être élevé dans des conditions économiques. Nous avons en outre consulté les marins du pays sur la nature et la direction des ouvrages qui leur paraissaient principalement nécessaires pour favoriser leur industrie et assurer leur sécurité.
Ceux-ci nous ont fait connaître qu’un môle améliorerait la situation actuelle, mais que l’établissement d’une cale facilement accessible était beaucoup plus urgent et qu’à la rigueur, pendant le mauvais temps, ils pourraient se réfugier au fond de l’anse mais qu’ils n’avaient pour accoster aucun point de débarquement. »
Une première solution, consistant à réaliser une cale et un môle adossés l’un à l’autre, avec un déroctage de 2000 m3, a été abandonnée. Les raisons :
un résultat incomplet car ce projet ne permettrait, à mi-marée, que d’accueillir 100 barques (1/3 de celles qui fréquentent le port)
la dépêche ministérielle qui recommande de restreindre autant que possible la dépense.
L’ingénieur présente son nouveau choix :
« Nous nous sommes arrêtés à une nouvelle disposition plus économique qui, tout en donnant satisfaction aux besoins les plus pressants, a en même temps l’avantage de ne pas engager l’avenir. L’avant-projet que nous présentons ne conserve que la cale et le chemin d’accès. »
Le chemin envisagé devrait mesurer 81m de long et 6,35 m de large avec une première partie horizontale, la deuxième en pente pour rejoindre la cale. Il sera situé à 50 cm au-dessus du niveau des plus hautes mers d’équinoxe.
Sur demande des marins, pour éviter le ressac violent que produiraient les vents dominants, la cale fera un angle de 30° avec le chemin, dirigée vers l’est à l’intérieur de la crique. Longue de 50 m et large de 5,50 m, elle sera en pente ; sa partie la plus basse sera à 0,50 m au-dessus du niveau des plus basses mers de vives eaux. Il a paru inutile de la prolonger au-delà de la limite adoptée, le fond étant à peu près horizontal sur toute la longueur de la passe.
Un escalier est disposé au point de raccordement du chemin d’accès et de la cale ; il a 2 m de largeur et est formé de 19 marches de 020m. Les déroctages exécutés dans l’intérieur de la crique et dirigés de manière à faciliter l’accostage de la cale et de l’escalier et à assurer un mouillage sûr et commode aux barques à l’abri des ouvrages.
Par rapport au précédent avant-projet, seule une partie de la cale est construite en pierres sèches (murs intérieurs). L’extérieur et la partie qui pourra être immergée seront maçonnés avec du mortier. La surface supérieure sera couverte d’un pavage maçonné.
Toutes les maçonneries (tablettes, pavages et parements) sont faites avec des moellons provenant des déroctages.
Il faudra encore attendre un an la décision ministérielle (22 juin 1869) et (enfin) la construction en 1870 de cette cale qui est restée dans la mémoire des vieux guilvinistes sous le nom de Kal Kozh, enfouie sous le terre-plein lors de la construction de la criée à la fin des années 1950.
Mais, malgré cette amélioration, d’autres besoins auxquels il est essentiel de donner satisfaction, se font sentir : il s’agit de permettre de débarquer le poisson aussitôt que possible après le flot, puisqu’il doit être expédié à heure fixe par le chemin de fer. S’il arrive trop tard, il est perdu ; la cale actuelle est (déjà) complètement insuffisante pour atteindre ce but.
Doc AD 29

Situation de la pêche au port de Guilvinec en 1868

A l’occasion du troisième épisode du feuilleton « Cale de débarquement », les ingénieurs des Ponts et chaussées font le point sur l’évolution de la pêche au port du Guilvinec depuis 1860 :
Jusqu’ici, l’Etat n’a rien fait pour le Guilvinec : seuls quelques déroctages et une petite cale en pierres sèches ont été approuvés en 1866 malgré l’importance qu’a prise ce port qui est devenu le port de la pêche au maquereau.

Le Guilvinec qui, il y a dix ans, renfermait seulement une dizaine de barques, et qui, par les conditions peu favorables qu’il présentait, paraissait ne devoir jamais être appelé à un avenir brillant, est devenu une des stations de pêche les plus importantes des côtes de France.
Le mouvement actuel a commencé vers 1860 et, depuis cette époque, s’est rapidement accru. Dès que le maquereau est signalé, plus de 300 bateaux de Concarneau, de l’Île Tudy, d’Audierne et de Douarnenez viennent s’accumuler en quelques jours dans cette petite crique et, pendant plus de trois mois, y stationner d’une façon continue.

2500 hommes chaque jour doivent sortir du port et y entrer à peu près au même moment et, pour embarquer de vastes filets, décharger des quantités de poissons souvent énormes, ils sont réduits à accoster sur une côte hérissée de rochers avec la plus grande difficulté, en perdant un temps précieux par suite de la nécessité d’arriver à la gare à heure fixe en courant de sérieux dangers.
Cette année, durant une semaine, il a été expédié chaque jour du Guilvinec pour Paris, de 70  000 à 100 000 kg de maquereaux et les sommes payées sur place ont avoisiné 1 000 000,00 fr.

Ce sont donc des intérêts très sérieux qu’on a à desservir : l’établissement de deux feux sera un véritable bienfait pour les marins, mais il ne suffit pas de montrer aux bateaux la route à suivre pour rentrer au port ; il faut leur fournir les moyens de se livrer avec sécurité et commodité à leur industrie : c’est là le rôle des ouvrages que nous proposons aujourd’hui. Si le mouvement actuel se continue, il est probable qu’il faudra bientôt les augmenter et créer un abri : quoique incomplets, ils réaliseront toutefois une grande amélioration et permettront de faire cesser, au moins pour quelque temps, les plaintes très vives qu’ont élevées les marins du pays.

1858 Les marins-pêcheurs et l’eau-de-vie

Le Commissaire de l’Inscription maritime à Quimper, en décembre 1858, constatant « l’ivrognerie, l’abus de l’eau-de-vie, l’une des causes premières de la ruine et de la misère » des marins-pêcheurs, adresse une circulaire à ses adjoints des sous-quartiers de Douarnenez, Concarneau et Audierne afin d’enquêter sur les droits d’entrée de l’alcool, taxe encore connue sous le nom de « droits d’octroi », qui entrent pour la plus grande partie dans les caisses de l’Etat, le reste étant à la disposition des communes.
Partant du constat qu’ils « sont arrivés à boire une telle quantité qu’elle doit avoir une influence funeste pour leur santé et leur intelligence », le Commissaire recommande à ses adjoints « d’étudier sérieusement les habitudes de nos marins et de rechercher, aux points de vue physique et moral, les résultats qui sont occasionnés par une trop grande consommation d’alcool. »
Il pointe également du doigt le nombre considérable de cabarets ainsi que la baisse du prix de vente au détail de l’alcool.
Les retours de l’enquête concernant Douarnenez – Tréboul et Concarneau nous donnent des chiffres très parlants quant à la consommation alcoolique.
En 1858, on a absorbé 453,24 hl d’alcool pur à Douarnenez (4470 habitants dont 3000 marins-pêcheurs, femmes et enfants de marins) et 70 hl à Tréboul (1200 habitants dont 800 du milieu maritime).
A Concarneau, 2352 habitants dont 1802 appartenant à la classe maritime, 162,32 hl d’alcool ont été présentés à l’octroi la même année.
Si, par exemple, on évalue à 1500 le nombre de marins-pêcheurs (marins adultes et novices) à Douarnenez et si on considère qu’ils consomment l’essentiel de l’alcool comptabilisé ci-dessus, on obtient une quantité par personne et par an comprise entre 30 et 40 l.
Pour être objectif, il faut considérer qu’il s’agit là d’une fourchette haute. Mais, c’est quand même beaucoup si on compare ces chiffres avec la consommation actuelle. En 2012, on évalue à 12 l   la quantité moyenne annuelle d’alcool pur consommée par un français de plus de 15 ans.
Autre conséquence de cette alcoolisation massive des marins-pêcheurs lorsqu’ils sont à terre, l’impossibilité pour eux, outre l’habitude qu’ont les mareyeurs de leur payer en partie leur pêche en eau-de-vie, de conserver quelque économie, de « mettre de côté » un peu d’argent.
Voici le tableau, reflétant en partie la réalité et à la fois caricatural et insultant, que dresse le Commissaire de l’Inscription maritime de Quimper dans sa réponse au Commissaire Général à Brest au sujet des Associations de secours mutuels :
« En réponse à votre lettre en date du 15 décembre dernier, j’ai l’honneur de vous faire savoir qu’il n’existe, dans toute l’étendue du quartier de Quimper, aucune association de secours mutuels ou autres : il y en a une toutefois à Douarnenez, mais qui n’est qu’à l’état de projet, attendu qu’aucun marin n’en fait partie. Je vous adresse un exemplaire des statuts qui régissent cette société.
A Concarneau, Mr Alix a essayé et essaie encore de former une société de secours mutuels, mais jusqu’ici ses efforts sont restés sans résultats. Voici comment il s’exprime pour expliquer les difficultés qu’il rencontre :
1° Le peu d’intelligence des marins ;
2° Leur imprévoyance de l’avenir ;
3° et par-dessus tout, leur penchant à l’ivrognerie, penchant qui prend de jour en jour des proportions telles dans la population qu’il devient à peu près impossible de l’éclairer sur ses véritables intérêts.
Il y a lieu de reconnaître que la majeure partie de nos marins aime mieux dépenser ses épargnes au cabaret que de les déposer, en prévision de l’avenir, dans une bourse commune.
En un mot, l’ivrognerie est la plaie qui les ronge, qui les abrutit moralement et physiquement. Ces malheureux n’ont plus aujourd’hui qu’une idée quand ils ont réalisé quelques gains pendant la semaine, c’est de demander à l’ivresse leur unique récréation et d’y chercher le repos de leurs rudes travaux.
Et plus loin, il ajoute :
L’ivrognerie chez nos bretons n’est pas un défaut facile à extirper, c’est un vice du sang.
Cette opinion de Mr Alix est aussi la mienne et désormais toute position meilleure pour nos inscrits est impossible si l’on n’arrive pas à réprimer l’ivrognerie soit en frappant l’alcool d’un droit très élevé, soit en punissant correctionnellement. »
Pour information, sur un hectolitre d’alcool pur, les droits qui reviennent au Trésor (contributions indirectes) sont de 60 francs et selon les communes, de 4 à 10 francs pour l’octroi. Ces droits servent aussi de variable d’ajustement pour le budget communal : si de gros travaux ou des dépenses importantes sont programmés, le maire aura recours au Préfet pour une demande  d’augmentation de ces droits.
A la même époque, la douzaine de maquereaux est payée au marin de 4 à 10 francs.

Source : SHD Brest 3P2 2, correspondance départ du Commissaire de l’Inscription maritime de Quimper

1866 Embarcations armées exclusivement par des femmes à l’Ile Tudy (suite)

Le 27 octobre 1866, le Commissaire Touboulic, adjoint à Quimper, communique les décisions du Commissaire général au Capitaine du Sylphe, bateau garde-pêche basé à Bénodet. Celui-ci se demandait s’il devait dresser des procès-verbaux, trouvant que la surveillance des pêches devenait impossible s’il n’y avait pas de patron titulaire à bord de ces embarcations et si elles n’étaient pas pourvues de rôles de pêche.
Le Commissaire Touboulic va donner l’ordre aux syndic et gardes maritimes de faire connaître à ces femmes qu’elles aient à se mettre en règle dans un délai d’un mois.
A cette occasion, le 14 novembre suivant, le maire de l’Ile Tudy rédige une lettre à l’administration de l’Inscription maritime de Quimper pour défendre ces îliennes.
S’appuyant sur une tolérance qui aurait été, dit-il, accordée il y a 10 ou 12 ans, le maire demande que ces bateaux restent exclusivement armées avec des femmes et puissent circuler sans rôle de pêche.
Le Commissaire Touboulic affirme son opposition à la manière de voir du maire, notamment au point de vue de la sécurité de ces femmes elles-mêmes ainsi que de la police de la navigation.
(A cette époque, l’Ile Tudy est encore quasiment une île qui n’est pas reliée au continent comme aujourd’hui. La mer est omniprésente et constitue la seule ressource de ses habitant(e)s. Le maire sait bien, lui qui vit sur place, contrairement au Commissaire de Quimper, officier de la Marine impériale, que les enfants, filles et garçons, initiés par les anciens, savent godiller très jeunes et diriger une embarcation sans risque. Aider leurs parents à la pêche ou pour la cueillette des coquillages est vital et, ici, on ne se pose pas de questions inutiles. Le bateau est aussi un moyen de transport primordial pour les îliens.)
Le 18 novembre, ce sont quelques femmes de l’Ile Tudy qui viennent au bureau du Commissaire à Quimper défendre leur cause. Le suppliant de les laisser naviguer sans rôle de pêche, elles lui disent que la pêche et la vente des moules sont leurs seules ressources, que leurs embarcations servent en outre à aller chercher de l’eau potable pour l’île qui en est dépourvue et qu ‘enfin, si elles prenaient un patron, son salaire diminuerait d’autant le minime gain qu’elles peuvent faire.
Le Commissaire Touboulic, conscient des difficultés que peuvent connaître ces femmes, semble « craquer » devant leurs arguments. Il écrit au Commissaire général de Brest :
« Bien que cette manière de faire soit complètement contraire aux règlements, bien que la sécurité de ces femmes puisse en être compromise, on pourrait peut-être les autoriser à continuer à naviguer sans rôle d’équipage, en s’appuyant sur leurs besoins réels et en présence de la position toute exceptionnelle de cette île ? »
Le Commissaire général De Grandpont, ne voulant ni s’impliquer devant une situation si particulière ni sévir arbitrairement, lui répond sur un mode à la fois moralisateur, mais aussi philosophique et conciliant :
« Je ne puis vous donner pareille autorisation. Quand on croit devoir être tolérant, très tolérant surtout, il faut savoir en prendre la responsabilité au lieu de demander à ses chefs un excès de tolérance, ou de les mettre dans la nécessité de rappeler à l’exécution des règlements, agissez avec prudence, bienveillance et tact, mais ne souffrez point d’abus grave ni surtout d’extension à ce qui était toléré avant vous. »

Embarcations armées exclusivement par des femmes à l’Ile Tudy en 1866

Tout commence par un rapport du garde maritime de Bénodet au Commissaire de l’Inscription maritime de Quimper, daté du 17 octobre 1866. Lors d’une tournée qu’il vient de faire au bas de la rivière, il signale des embarcations armées exclusivement par des femmes, sans doute “des femmes ou des filles de marins, définitivement inscrits”, précise-t-il.
Dans un courrier adressé au Commissaire Général à Brest, son supérieur hiérarchique, le Commissaire quimpérois, Touboulic,  se demande quelle est la pertinence de cette « bienveillance » vis-à-vis des règles d’armement habituelles, à savoir que l’embarcation doit être pourvue d’un rôle d’équipage sur lequel serait porté un patron titulaire.
Visiblement mal à l’aise, ne sachant trop jusqu’où cette tolérance peut aller et coincé dans son rôle de subalterne, incapable de prendre une initiative, il demande à son chef de lui repréciser le sens des instructions et de lui donner des ordres pour leur exécution.
La réponse du supérieur ne se fait pas attendre : « Il s’agit d’une exception à la règle admise en principe. Il appartient à l’Administration locale de déterminer dans quelle matière cette exception peut être tolérée et l’autorité supérieure ne saurait, à cet égard, préciser des règles à suivre ou provoquer de nouveaux ordres. »
Voilà notre ami Touboulic renvoyé dans ses cordes et invité à relire attentivement la dépêche de 1861 concernant le problème, la lettre du Préfet Maritime de 1862 ainsi que la note précédente et de bien « s’en pénétrer » ! Et le chef  de lui conseiller quand même (la prudence l’exige), de rester ferme sur la présence d’un patron à bord d’embarcations où sont admises des femmes et qu’elles soient pourvues d’un rôle d’équipage.
(A suivre)

1919 : GV, un quartier maritime

DÉCRET DU 31 MARS 1919 (extraits)
Création d’une direction de l’Inscription maritime à Quimper
RAPPORT AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
MONSIEUR LE PRÉSIDENT,
Le projet de décret que nous avons l’honneur de soumettre ci-joint à votre approbation a pour but d’apporter certaines modifications à l’organisation administrative des services de l’Inscription maritime ; il comporte la création d’une direction de l’Inscription maritime à Quimper et le transfert au Guilvinec du siège de l’actuel quartier maritime de Quimper.
L’utilité et même la nécessité de la création d’une direction de l’Inscription maritime à Quimper est un point sur lequel tout le monde est d’accord et qui ne fait plus question. Cette création a été préconisée depuis longtemps déjà et plusieurs fois mise à l’étude. L’idée de grouper sous une même autorité administrative tous les quartiers finistériens (de Morlaix à Concarneau), qui sont presque tous des quartiers d’armement pour les pêches au large, (spécialement à la sardine et au thon) et de distraire ces quartiers de la direction de Saint-Servan qui groupera, de son côté, tous les quartiers armant plus spécialement aux grandes pêches (de Granville à Lannion), paraît intéressante à divers points de vue. Sa réalisation allégera la tâche énorme de la direction de Saint-Servan qui, avec ses dix-sept quartiers de caractères très différents, doit faire face à tous les détails de l’administration de plus de 75.000 inscrits. Elle constituera, d’autre part, un premier pas fait vers une organisation de nos circonscriptions maritimes basée, non plus exclusivement sur les conditions militaires de recrutement et de mobilisation des inscrits, mais sur le caractère économique de chaque région et sur la nature des industries maritimes qui s’y pratiquent.
Par ailleurs, le transfert au Guilvinec du siège de l’actuel quartier de Quimper semble devoir être également une mesure favorable aux intérêts de la population maritime de ce quartier. En effet, alors que Quimper est à une vingtaine de kilomètres de la mer, Le Guilvinec est situé sur la côte même, et le transfert du siège du quartier dans cette localité, qui est un centre important de pêche et est en outre à proximité des principales agglomérations maritimes de la région, aura pour effet de rapprocher l’administration maritime de ses administrés.
Telles sont, Monsieur le Président, les dispositions qui font l’objet du projet de décret que nous avons l’honneur de soumettre ci-joint à votre haute sanction, en vous priant de bien vouloir, si vous en approuvez les termes, le revêtir de votre signature.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’hommage de notre profond respect.

Le Ministre du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, des Transports Maritimes et de la Marine Marchande, CLÉMENTEL.

Le Ministre de la Marine, G. LEYGUES.

Vu le décret du 7 octobre 1902, portant création et organisation d’un corps d’administrateurs de l’Inscription maritime ;
Vu le décret du 18 décembre 1909, portant réorganisation des services administratifs de la Marine, et le décret du 21 mai 1912 modifiant ledit décret ;
Décrète :
ART. 1er.— Il est créé une direction de l’Inscription maritime à Quimper.
Les quartiers maritimes de Morlaix, Le Conquet, Brest, Camaret, Douarnenez, Audierne, Quimper et Concarneau sont distraits de la direction de l’Inscription maritime de Saint-Servan et rattachés à la direction de Quimper.
ART. 2. — Le siège du quartier de Quimper est transféré au Guilvinec.
ART. 6. – Le Ministre du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, des Transports Maritimes et de la Marine Marchande et le Ministre de la Marine sont chargés de l’exécution du présent décret.
Fait à Paris, le 31 mars 1919.

POINCARÉ.
Par le Président de la République :
Le Ministre du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, des Transports Maritimes et de la Marine Marchande,
CLÉMENTEL.
Le Ministre de la Marine,
Georges LEYGUES.
Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 8-V-39015

ARRÊTÉ DU 13 AOUT 1919
Marques des bateaux du Guilvinec.
Par arrêté en date du 13 août 1919 les bateaux de pêche immatriculés dans l’ancien quartier de Quimper, dont le siège a été transféré par décret du 31 mars 1919 au Guilvinec, devront porter comme marques distinctives les lettres G. V. suivies de leur numéro d’immatriculation.
Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 8-V-39015

Le transfert du quartier et le changement des marques d’immatriculation ne deviendront effectives que le 1er janvier 1920.