Plus de 45 ans de souvenirs me relient à cet homme qui vient de nous quitter cette semaine. Il y a peu, il me rappelait que lui, le Brestois de naissance, avait passé plus de la moitié de sa vie en Pays bigouden et que moi, né à Pont-l’Abbé, avais parcouru le chemin inverse et avais également passé plus de la moitié de ma vie à Brest.
Mais ce serait un maigre argument que de dire que c’était le seul point commun entre nous. La géographie et la vie qui nous mène à un endroit que l’on ne quitte plus sont des paramètres qui nous échappent. Jakez, lui, s’est véritablement ancré dans le Pays bigouden. Il s’y est tellement investi qu’il est difficile pour un observateur averti de parler ou d’écrire sur les Bigoudens sans citer son nom.
Pour le jeune normalien que j’étais, de 1969 à 1973, et qui suivait ses cours à Quimper, Pierre-Jakez Hélias a été en quelque sorte un « père spirituel ». Il joué le rôle de déclencheur en matière de “conscience bigoudène” mais de manière plutôt abstraite et globale, sans repère vraiment précis. Jakez Cornou a, quant à lui, été aussi un « père spirituel », mais plus dans la mise en œuvre active de cette matière bigoudène que Hélias avait su si bien décrire.
En outre, avec Pierre-Roland Giot, Jakez a ajouté un volet scientifique de première importance sur l’Histoire du Pays bigouden. Ensuite, il a continué de la populariser par l’intermédiaire de ses propres publications, permettant aux habitants de s’approprier par la connaissance leurs modes de vie passés et présents. Ses enquêtes dans les bureaux de vote sur les bigoudènes en coiffe ont permis une perception fine de l’évolution de leur nombre, un travail tout à fait original.
Mais ce n’est pas tout : avec Serge Duigou et quelques autres, Jakez a créé un espace de coopération où tous, historiens, spécialistes et acteurs locaux, ont pu présenter le meilleur de leur vision du patrimoine bigouden : la revue Cap Caval était lancée, mais aussi les balades sur le terrain commentées par nos deux compères — et, selon le lieu ou le thème, une ou deux personnes-ressources — en complément de la publication écrite.
Connaissant des hauts et des bas, la revue Cap Caval, avec une équipe renouvelée aujourd’hui, a maintenu le cap de départ, toujours en mouvement pour partager le meilleur du Pays bigouden.
Cet esprit, que Jakez a su insuffler, ne peut qu’illustrer concrètement ce que disait Hélias : « Hep dec’h hag hep warc’hoazh, hiriv ne dalv netra. » (Sans hier et sans demain, aujourd’hui ne vaut rien.) On peut objectivement penser que cet esprit lui survivra encore longtemps.
Cette photo, je n’ai eu aucun mal à la prendre ! Et comment ! L’oiseau ne bougeait pas ! Et j’avais mon matos, prêt à mitrailler ! Pas comme ce dimanche de printemps où un facétieux guillemot avait décidé de nous narguer au bout de la digue Lapérouse. Aucun de nous n’avait ni appareil photo, ni téléphone qui aurait pu faire l’affaire …
L’oiseau, sans doute échappé de la réserve du Cap Sizun, ou d’autres falaises locales proches de la rade de Brest, avait trouvé refuge et — probablement — nourriture ici, le gîte et le couvert, quoi ! Comme disait Pierrot la Tendresse, une jolie colonie de vacances !
Pendant une dizaine de minutes, le guillemot en question, puisque c’est son nom, de Troïl même, d’après les spécialistes, nous a régalé d’un véritable spectacle, un numéro de comédien bien huilé, sortant à la verticale de l’eau pour se pomponner à coups de becs dans les ailes qu’il agitait en cadence pour éliminer tout ce qui pouvait être parasites et autres salissures, le tout à moins de dix mètres des animaux à deux pattes, perchés sur le béton, ébahis par la prestation. Un véritable ballet aquatique spontané, à côté duquel certains spectacles payants avec des oiseaux dressés pourraient “aller se rhabiller” !
Cet épisode restera dans la légende et les souvenirs, avec les regrets que vous savez maintenant, de ne pas avoir pu immortaliser la scène. Je m’arrête là, car comme le titre le dit, j’aurais pu trouver mille mots pour la raconter, mais je les réserve à mes amis.
Gilles Simon vient de commettre un ouvrage très complet, bien illustré par des photos d’archives, sur les cinquante ans de « carrière » du groupe « Sonerien DU » (Éditions AGLD – Roland Chatain). L’auteur y retrace avec précision les différentes étapes de la vie du groupe de « sonneurs du Pays bigouden », les DU en raccourci. Sa lecture permet aisément de comprendre les différentes évolutions qui ont eu lieu au fil des années, avec le passage au professionnalisme, le départ ou l’arrivée de certains musiciens.
Éditions AGLD
Roland Chatain, Route de Kerigou, Kermatheano, 29120 Plomeur 06 33 25 11 21
Cependant, il y aurait probablement « moyen » d’en rédiger un deuxième volume, en interrogeant les « fans », les amateurs de festoù-noz, les organisateurs, les journalistes, etc … avec un corpus de témoignages « venant d’en bas » et qui contribueraient, j’en suis certain, à encore mieux connaître l’essence du phénomène DU, sans rentrer dans la sociologie pure et DUre, mais pourquoi pas, après tout ? Je vous livre ici un certain nombre de souvenirs qui restent gravés dans ma mémoire.
BOULAIRE Alain – 270 ans de l’Académie de marine : une permanence de l’excellence maritime locale de 1752 au campus mondial de la mer d’aujourd’hui
LAUBIE Xavier – L’Académie royale de marine numérise ses manuscrits
BESSELIÈVRE Jean-Yves – L’Académie de marine dans les collections du Musée national de la Marine
BESSELIÈVRE Jean-Yves – Un « terrien » académicien de marine : Amédée-François Frézier (1682-1773)
GRALL Jean-Jacques – Duhamel du Monceau, au coeur d’un réseau scientifique européen
DESLANDES Éric et QUINTIN Jean-Yves – Philibert Commerson, un botaniste explorateur au siècle des Lumières
BOULAIRE Alain – Un académicien père de l’arsenal de Brest pour plus de 150 ans : Antoine Choquet de Lindu
CORRE Olivier – Les académiciens de marine brestois au temps de la Guerre d’Indépendance américaine, un club de la sociabilité navale portuaire ?
BOULAIRE Alain – Vingt ans avant… Le 250e anniversaire : Brest au temps de l’Académie de marine
CHATRY Gilles – Académie de marine : l’apport des océanographes
WEBER Nicolas et BOULAIRE Alain – Du dépôt des cartes et plans de la marine et de l’Académie de marine au Shom d’aujourd’hui : 300 ans d’innovation pour une meilleure connaissance des fonds marins
MORVAN Michel – Conclusion
et votre rubrique habituelle Voir et Lire
Pour plus d’informations et pour commander la revue, le site de la SEBL
La SEBL a accuelli hier Yannig Lescop pour une conférence costumée sur la vie de Paul Louis Gaultier de Kervéguen, général français de la Révolution et de l’Empire, né le 22 mars 1737 à Brest et mort le 3 mai 1814 à Paris.
“Élève ingénieur de la marine, il fut employé aux travaux du port de Rochefort et aux fortifications de l’île d’Aix jusqu’en 1762. Embarqué à Brest en 1763 pour l’expédition de Rio de Janeiro, il passa à Saint-Domingue l’année suivante et devint aide-de-camp du comte d’Estaing. En 1763, le gouvernement l’attacha comme ingénieur-géographe militaire à la légion dite de Saint-Victor.”
Voir aussi : l’article de Gérard Cissé dans le Télégramme
Suite à cette conférence, il semble judicieux que la plaque de rue soit enrichie de quelques informations essentielles à la compréhension de cette dénomination. Rue Kervéguen est une appellation réellement trop succincte au vu de la carrière de notre général brestois.
Il ne reste malheureusement plus de témoins de l’utilisation des noms des nombreuses petites parcelles (microtoponymes) qui composaient anciennement le territoire de Guilvinec, faute d’usage quotidien pour désigner ces lieux fréquentés pour le travail des champs essentiellement ainsi que pour la connaissance des propriétaires répertoriés au cadastre1. Celui-ci nous révèle cependant environ 150 noms, essentiellement en langue bretonne et quasiment tous perdus aujourd’hui. La consultation de ce document est un vrai régal concernant la profusion de façons de nommer les parcelles, avant que n’apparaissent les noms de rues – dans les années 1920 – en se basant sur l’observation de la nature et du paysage façonné par l’homme. Un patrimoine imagé et informatif essentiellement oral qui ne pouvait que s’accompagner d’un travail de mémorisation pratiqué au quotidien ! Un vrai lexique que cette collection de noms !