L’association de culture et du patrimoine “de l’aber Ildut à l’aber Benoît” m’a invité à présenter à ses adhérents une conférence sur les singularités du Pays bigouden, le samedi 17 décembre 2022 à 15h, salle Roz Avel à SAINT-PABU.
Présentation :
“Vivant à Brest, fils et petit-fils de marins-pêcheurs du Guilvinec et de Penmarc’h, enseignant retraité, ancien élève de Per Jakez Hélias à l’Ecole Normale de Quimper, Claude Péron, est contributeur aux revues Cap Caval (Histoire et patrimoine du pays bigouden) et Cahiers de l’Iroise (Société d’Etudes de Brest et du Léon).
Titulaire du Diplôme Universitaire du CRBC de Brest (Centre de Recherches Bretonnes et Celtiques), il s’intéresse de près, par le biais de l’histoire et de l’ethnologie, à la vie et à la personnalité des marins-pêcheurs bigoudens du XVIIIe siècle à nos jours, mais aussi plus largement à tout ce qui touche au Pays bigouden, d’hier et d’aujourd’hui.“
Les principaux thèmes abordés :
Le Cap Caval, un territoire ancien.
Cadre : nature, paysages
Economie, tourisme, loisirs
Des clichés, des cartes postales, des stéréotypes, des idées reçues
Quelques constats simples et des réalités, un symbole fort de la Bretagne
Histoire, patrimoine bâti, culture, hommes et femmes
Une version bretonne est également disponible pour les associations de culture et patrimoine en breton : “Ar Vro vigouden, un identelezh dibar”.
Dans son mémoire1 consacré aux fontaines du Sud-Ouest du Pays bigouden, Mireille Andro effectue « un véritable retour aux sources » en dressant un inventaire exhaustif de ces lieux où, « de tradition millénaire », on allait puiser l’eau, élément indispensable à la vie. La commune actuelle de Plomeur compte donc, en 1994, 100 fontaines recensées : 67 existantes, 5 comblées, 24 détruites et 4 sous forme de toponymes. A Treffiagat, elle en compte 22 : 13 existantes, 1 comblée, 6 détruites et 2 toponymes.
La fontaine de ND de Treminou, haut-lieu de la révolte des bonnets rouges.
Quant à Guilvinec (section de Plomeur qui constituera en 1880 la commune de Guilvinec), on y trouve 12 : 4 existantes, 1 comblée, 7 détruites. Il est intéressant de mettre ces chiffres en parallèle avec les 115 villages de Plomeur, dont 12 à Guilvinec, ce qui permet de conclure que chaque village a sa fontaine ou que chaque point d’eau de la commune a vu la population s’y fixer et créer un hameau.
Les fontaines de Guilvinec
Kerfriant, détruite vers 1930, pas de consommation humaine ; un puits aujourd’hui condamné avant le cimetière.
Kergoz, détruite vers 1960, à l’ouest du manoir ; elle alimentait un lavoir et un abreuvoir à vaches. Il existait aussi un puits dans la cour du manoir.
Kermeur, existante ; n’a pas tari lors de la sécheresse de 1976 ; située à 80 m au sud du menhir ; un lavoir situé près du ruisseau est aujourd’hui détruit.
Fontaine de Lanvar (près de la ferme de Kermeur)
Saoul Kanap Du (Eteule de chanvre noir)2; comblée, recouverte par le gymnase Manu Berrou.
Kervennec, détruite ; 1 m de profondeur, margelle en granit, tarie en été. Toutes les fermes avaient un puits ; deux lavoirs indépendants.
Le Ménez, détruite en 1950, à l’ouest de l’atelier municipal ; son eau est « consommable », mais devient salée par remontées de l’eau de mer lors des grandes marées.
Feunteun Mari-Anna ar Poul, du nom d’une lavandière populaire dans le quartier (sud du stade de Lagat-Yar), de construction récente (en 1970 par Xavier Cossec). On peut cependant imaginer qu’une source existait déjà bien avant à cet endroit.
Un lavoir dans le même secteur, détruit vers 1970.
Poul-ar-Palud, place du 14 Juillet, lavoir de la place, détruit.
Le lavoir de Poul-ar-Palud, aujourd’hui sous la place du 14 juillet
Poriguénor, à l’ouest de la ferme, à 7 m de l’avenue de la République ; existe encore ainsi qu’un lavoir à 3 m de là. Autrefois, il existait un puits, aujourd’hui recouvert par la route ; là aussi, on note des remontées d’eau de mer lors des grandes marées. [Le toponyme indique un ancien marais salant ; voir article microtoponymes de Guilvinec]
Saint-Trémeur, une fontaine détruite au sud de la chapelle, côté Kerléguer, sur le chemin.
Saint-Trémeur, une fontaine existante, récemment rénovée et enjolivée, alimentait le hameau de Prat-an-Ilis.
La fontaine de Saint-Trémeur
Une autre fontaine située sur le territoire de Plomeur est très voisine de Guilvinec : celle de Lagat-Yar.
Une légende liée à la présence d’une résurgence
Comme pour la ville d’Ys, mais à plus petite échelle, une anecdote lie à la montée des eaux une cérémonie druidique ancienne qui aurait perduré jusqu’au XVIIIe siècle. Un lieu de culte très ancien serait donc situé dans la baie de Men-Meur où serait englouti un site mégalithique, sans doute, près d’une source ou d’une fontaine. Albert Clouard rapporte cette légende :
« Par les temps clairs, entre Guilvinec et Penmarc’h, on voit à travers les vagues de larges tables de pierre qui n’étaient autre, prétend-on, que les autels de la cité détruite. Il y a un demi-siècle, les prêtres, accompagnés de toutes les barques du rivage, allaient chaque année en bateau dire la messe au-dessus de ces ruines. »
Sébillot, rajoute, citant Cambry : « Avant 1789, le clergé allait en procession au dolmen de Sainte-Madeleine (Charente-Inférieure), et, vers la même époque, on disait la messe en bateau, au-dessus de pierres druidiques, que l’on apercevait, à quinze pieds sous l’eau, entre Le Guilvinec et Penmarc’h. »
Si l’on observe bien la carte marine du SHOM, on peut distinguer une confluence d’anciens ruisseaux sous la mer. Elle coïnciderait avec la résurgence d’une ancienne source que cite Mireille Andro dans son mémoire. Elle pourrait se situer au sud de Toul ar Ster, vers Groaik6 ar Ster près du point : 47 47 33 N, 04 19 05 W.
1 Andro Mireille Les fontaines dans le sud-ouest du pays bigouden (Le-Guilvinec, Penmarc’h, Treffiagat-Lechiagat, Saint-Jean-Trolimon, Plomeur, Treguennec) 1994.CRBC Cote: M-05979-00
2 Eteule, partie du chaume, passée sous la lame de la faux ou de la moissonneuse, qui reste fixée à la terre après la moisson. Wiktionnaire
6 Gwrac’h : vieille femme ou, dans les légendes, sorcière ou sirène.
Adarre ! encore une fois, mais la dernière ; la formation de Plougastel a honoré de la plus belle manière qui soit le retour du navire qui va être déconstruit dans les prochains mois.
Le remorqueur de haute mer Abeille Flandre est de retour à Brest. Un dernier voyage, hélas ! pour ce bon serviteur de la mer et des marins. Un bateau robuste et bien entretenu qui aurait, aux dires de ses anciens équipages et de Jean Bulot, patron emblématique, pu naviguer une dizaine d’années encore. L’émotion était présente à 100 % parmi les membres des familles des matelots qui y avaient embarqué sous les ordres de divers patrons comme Jean Bulot ou encore Carlos, Charles Claden.
La décision a été prise de le déconstruire et c’est fort dommage, à moins de deux ans des Fêtes maritimes de Brest 2024 ! Les amis du patrimoine maritime auraient bien vu un hommage rendu à cette occasion à ceux qui ont dans les gênes le courage d’aller sauver des vies humaines et d’empêcher des catastrophes en mer.
100 ans après le remorqueur Iroise du Commandant Louis Malbert, qui a donné son nom au quai où les Abeille s’amarrent depuis plus de quarante ans, prêts à déraper à tout moment pour une mission de sauvetage, c’est dans ce lieu qu’il est revenu ce vendredi 30 septembre 2022. L’esprit du fameux commandant, incarné par Jean Gabin dans le film Remorques, était présent au-dessus du quai avec ses centaines de marins sauvés.
A lire absolument : “L’Abeille d’Ouessant” de Hervé Hamon, Editions du Seuil, 1999
A la maison de la baie d’Audierne en 2018 (Photo Claude Péron)
Plus de 45 ans de souvenirs me relient à cet homme qui vient de nous quitter cette semaine. Il y a peu, il me rappelait que lui, le Brestois de naissance, avait passé plus de la moitié de sa vie en Pays bigouden et que moi, né à Pont-l’Abbé, avais parcouru le chemin inverse et avais également passé plus de la moitié de ma vie à Brest.
Mais ce serait un maigre argument que de dire que c’était le seul point commun entre nous. La géographie et la vie qui nous mène à un endroit que l’on ne quitte plus sont des paramètres qui nous échappent. Jakez, lui, s’est véritablement ancré dans le Pays bigouden. Il s’y est tellement investi qu’il est difficile pour un observateur averti de parler ou d’écrire sur les Bigoudens sans citer son nom.
Pour le jeune normalien que j’étais, de 1969 à 1973, et qui suivait ses cours à Quimper, Pierre-Jakez Hélias a été en quelque sorte un « père spirituel ». Il joué le rôle de déclencheur en matière de “conscience bigoudène” mais de manière plutôt abstraite et globale, sans repère vraiment précis. Jakez Cornou a, quant à lui, été aussi un « père spirituel », mais plus dans la mise en œuvre active de cette matière bigoudène que Hélias avait su si bien décrire.
En outre, avec Pierre-Roland Giot, Jakez a ajouté un volet scientifique de première importance sur l’Histoire du Pays bigouden. Ensuite, il a continué de la populariser par l’intermédiaire de ses propres publications, permettant aux habitants de s’approprier par la connaissance leurs modes de vie passés et présents. Ses enquêtes dans les bureaux de vote sur les bigoudènes en coiffe ont permis une perception fine de l’évolution de leur nombre, un travail tout à fait original.
Serge et Jakez lors d’une sortie Cap Caval (Photo Claude Péron)
Mais ce n’est pas tout : avec Serge Duigou et quelques autres, Jakez a créé un espace de coopération où tous, historiens, spécialistes et acteurs locaux, ont pu présenter le meilleur de leur vision du patrimoine bigouden : la revue Cap Caval était lancée, mais aussi les balades sur le terrain commentées par nos deux compères — et, selon le lieu ou le thème, une ou deux personnes-ressources — en complément de la publication écrite.
Connaissant des hauts et des bas, la revue Cap Caval, avec une équipe renouvelée aujourd’hui, a maintenu le cap de départ, toujours en mouvement pour partager le meilleur du Pays bigouden.
Cet esprit, que Jakez a su insuffler, ne peut qu’illustrer concrètement ce que disait Hélias : « Hep dec’h hag hep warc’hoazh, hiriv ne dalv netra. » (Sans hier et sans demain, aujourd’hui ne vaut rien.) On peut objectivement penser que cet esprit lui survivra encore longtemps.
A Kerlan Plonivel, lors d’une sortie Cap Caval, le 14 mars 1993 : Jakez et Claude en grande discussion pendant que Serge dédicace. (Collection Serge Duigou)A Loctudy, lors de la visite d’un souterrain de l’Age du fer (découvert par Marcel Stéphan à Kermenhir). (Photo Claude Péron)
Au bon souvenir de mes amis, Mich et Claudine et Yvon
Cette photo, je n’ai eu aucun mal à la prendre ! Et comment ! L’oiseau ne bougeait pas ! Et j’avais mon matos, prêt à mitrailler ! Pas comme ce dimanche de printemps où un facétieux guillemot avait décidé de nous narguer au bout de la digue Lapérouse. Aucun de nous n’avait ni appareil photo, ni téléphone qui aurait pu faire l’affaire …
L’oiseau, sans doute échappé de la réserve du Cap Sizun, ou d’autres falaises locales proches de la rade de Brest, avait trouvé refuge et — probablement — nourriture ici, le gîte et le couvert, quoi ! Comme disait Pierrot la Tendresse, une jolie colonie de vacances !
Pendant une dizaine de minutes, le guillemot en question, puisque c’est son nom, de Troïl même, d’après les spécialistes, nous a régalé d’un véritable spectacle, un numéro de comédien bien huilé, sortant à la verticale de l’eau pour se pomponner à coups de becs dans les ailes qu’il agitait en cadence pour éliminer tout ce qui pouvait être parasites et autres salissures, le tout à moins de dix mètres des animaux à deux pattes, perchés sur le béton, ébahis par la prestation. Un véritable ballet aquatique spontané, à côté duquel certains spectacles payants avec des oiseaux dressés pourraient “aller se rhabiller” !
Cet épisode restera dans la légende et les souvenirs, avec les regrets que vous savez maintenant, de ne pas avoir pu immortaliser la scène. Je m’arrête là, car comme le titre le dit, j’aurais pu trouver mille mots pour la raconter, mais je les réserve à mes amis.
Gilles Simon vient de commettre un ouvrage très complet, bien illustré par des photos d’archives, sur les cinquante ans de « carrière » du groupe « Sonerien DU » (Éditions AGLD – Roland Chatain). L’auteur y retrace avec précision les différentes étapes de la vie du groupe de « sonneurs du Pays bigouden », les DU en raccourci. Sa lecture permet aisément de comprendre les différentes évolutions qui ont eu lieu au fil des années, avec le passage au professionnalisme, le départ ou l’arrivée de certains musiciens.
Éditions AGLD
Roland Chatain, Route de Kerigou, Kermatheano, 29120 Plomeur 06 33 25 11 21
A moitié-route (logo Fanch Le Hénaff – affiche collection CL P)
Cependant, il y aurait probablement « moyen » d’en rédiger un deuxième volume, en interrogeant les « fans », les amateurs de festoù-noz, les organisateurs, les journalistes, etc … avec un corpus de témoignages « venant d’en bas » et qui contribueraient, j’en suis certain, à encore mieux connaître l’essence du phénomène DU, sans rentrer dans la sociologie pure et DUre, mais pourquoi pas, après tout ? Je vous livre ici un certain nombre de souvenirs qui restent gravés dans ma mémoire.
BOULAIRE Alain – 270 ans de l’Académie de marine : une permanence de l’excellence maritime locale de 1752 au campus mondial de la mer d’aujourd’hui
LAUBIE Xavier – L’Académie royale de marine numérise ses manuscrits
BESSELIÈVRE Jean-Yves – L’Académie de marine dans les collections du Musée national de la Marine
BESSELIÈVRE Jean-Yves – Un « terrien » académicien de marine : Amédée-François Frézier (1682-1773)
GRALL Jean-Jacques – Duhamel du Monceau, au coeur d’un réseau scientifique européen
DESLANDES Éric et QUINTIN Jean-Yves – Philibert Commerson, un botaniste explorateur au siècle des Lumières
BOULAIRE Alain – Un académicien père de l’arsenal de Brest pour plus de 150 ans : Antoine Choquet de Lindu
CORRE Olivier – Les académiciens de marine brestois au temps de la Guerre d’Indépendance américaine, un club de la sociabilité navale portuaire ?
BOULAIRE Alain – Vingt ans avant… Le 250e anniversaire : Brest au temps de l’Académie de marine
CHATRY Gilles – Académie de marine : l’apport des océanographes
WEBER Nicolas et BOULAIRE Alain – Du dépôt des cartes et plans de la marine et de l’Académie de marine au Shom d’aujourd’hui : 300 ans d’innovation pour une meilleure connaissance des fonds marins
MORVAN Michel – Conclusion
et votre rubrique habituelle Voir et Lire
Pour plus d’informations et pour commander la revue, le site de la SEBL
C’est parti pour quatre jours de Fêtes maritimes allégées pour commémorer les 30 ans de la création des fêtes maritimes de Brest. Et quoi de mieux que de démarrer en fanfare avec les fanfarons bien connus, qu’on pourrait rebaptiser pour l’occasion “FanfarnaVal” ?